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D’un côté des populations excédées et exténuées par un pouvoir politique qui ne pense qu’à lui seul. De l’autre, des gouvernants soucieux de pérenniser leurs acquis et qui vont se livrer bataille par forces militaires interposées. Le pays va droit dans le mur.
Un impérieux devoir s’impose à la nouvelle classe dirigeante en Côte d’Ivoire. En premier lieu aux deux têtes de l’exécutif: le préfet Ouattara et le Premier ministre rebelle Soro. Le devoir, c’est celui de ramener la sérénité au sein des populations ivoiriennes et étrangères vivant sur l’ensemble du territoire ivoirien. Sérénité dans toutes les couches sociales et dans tous les secteurs d’activités.
En effet, depuis le coup d’Etat contre le régime du président Laurent Gbagbo, il ne se passe de jour sans que l’on ne signale par presses interposées, la grogne des populations toutes tendances confondues, celles qui ont soutenu l’actuel régime jusqu’à son avènement et les partisans ou supposés du président déchu. Les transporteurs ne supportent plus les brimades, les rackets et autres impositions de taxes farfelues des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, l’armée du préfet Ouattara qui officiellement, en est le chef suprême. Les convoyeurs de bétail, fatigués de faire de la surenchère sur les marchés au détriment des consommateurs, n’acceptent plus de payer 300.000 Fcfa à la caisse noire (Centrale) de la rébellion des Forces nouvelles, ensuite 700.000 Fcfa du «droit de passage» par camion aux corridors.
Le prix du kg de la viande de mouton qui était de 2400 Fcfa va passer à 4800 Fcfa de même que celle du boeuf qui était à 1800 Fcfa au temps du président Gbagbo passe d’abord à 2000 Fcfa puis, sûrement à 3000 Fcfa. Les prix des denrées de grande consommation car de première nécessité connaissent une flambée record.
Les médecins sont rudoyés sur leurs lieux de travail, jetés en prison pour un oui ou pour un non. A Soubré des rebelles Frci ont tabassé, embarqué et jeté en prison tout le personnel médical reproché de n’avoir pas «empêché une mauvaise couche». Dans le mois de juillet, c’était dans les Chu de Cocody et de Treichville où personnel soignant et malades subissaient l’ire de l’armée du préfet Ouattara. A l’intérieur du pays, dans les villes, villages et campements, les planteurs et cultivateurs sont rançonnés par les mêmes rebelles Frci. Les paysans sont obligés de payer une rançon pour aller et revenir des champs, leurs produits taxés ou tout simplement confisqués en cas de refus ou manque d’argent.
Dans l’éducation nationale, dès le début de la crise pos-électorale, les étudiants sont jetés dehors pour faire de la place aux combattants rebelles Frci; conséquence : les cités U, le campus de Cocody, les Universités sont fermés. Le nouveau régime ayant argué que «tous les étudiants sont pro-Gbagbo». Le lundi 22 août 2011, une école primaire est prise d’assaut par des éléments rebelles Frci qui traumatisent les écoliers et violentent personnels enseignants et administratifs. Des parents d’élèves de cet établissement pensent de plus en plus à changer leur enfant d’école.
Les petits commerces voient leurs taxes multipliées par trois voire quatre, parce qu’à côté de la taxe officielle, le commandant – c’est une armée de commandant, doit percevoir sa quotepart quotidiennement pour les frais de carburant de ses éléments qui font la ronde. Des familles sont vidées de leurs maisons par des rebelles Frci qui les occupent par la suite. Des résidences sont pillées de jour comme de nuit. Les braquages sont le lot quotidien des automobilistes qui ne savent plus à qui se plaindre. Car, déposer une plainte dans un commissariat équivaut à débourser de l’argent pour être enregistré, si l’infortuné a de la chance. La Côte d’Ivoire vit au rythme du désordre organisé. Si bien organisé que même la tête qui en est le chef d’orchestre peine désormais à l’éradiquer.
De fait, pendant que le préfet de la République demande que les rebelles Frci quittent les rues pour céder la place aux agents assermentés (police et gendarmerie) et libèrent les domiciles des populations qu’ils occupent illégalement, c’est comme s’il prêchait dans le désert. Les rebelles Frci sont toujours dans les rues, érigent des barrages, rançonnent les commerçants, les transporteurs, pillent, volent et violent les populations désabusées et abandonnées à leur propre sort. Et plus le chef de le préfet menace, plus son Premier ministre multiplie les consignes contraires. En effet,tout puissant rebelle Premier ministre, Guillaume Soro, est également le ministre de la Défense. Et lorsqu’ il ordonne au ministre Délégué à la Défense Paul Koffi Koffi dont la complicité n’est plus à prouver (Koffi Koffi qui connaît bien la primature pour y avoir été depuis Affi N’Guessan également fut Directeur de cabinet de Soro depuis que ce dernier occupe la primature), c’est tout naturellement que ce dernier s’exécute avec diligence. Cette symbiose qui existe entre le Premier ministre, ministre de la Défense et le ministre Délégué à la Défense, reflète la nature de la guerre à fleuret moucheté que se livrent Alassane Ouattara et Guillaume Soro. Pendant que le chef de l’Etat – craignant un retour du bâton des rebelles des Forces nouvelles majoritairement acquis à la cause de Soro -, mène le combat de l’encasernement des rebelles Frci par son proche, le loubard ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko interposé, le rebelle Premier ministre Soro prend le contre pied en aiguillonnant son Délégué Koffi Koffi qui part en guerre contre les caches d’armes. Question à un sou : avec qui Koffi Koffi mènera-t-il sa guerre si ce n’est avec les mêmes rebelles Frci que contrôle Guillaume Soro ? Ce qui revient à dire que les rebelles Frci ne quitteront pas les rues et n’entreront pas en caserne contrairement aux efforts du préfet Ouattara, tant que le Premier ministre n’est pas convaincu de la découverte et de la maîtrise de toutes les caches d’armes du pays. En filigrane il faut s’attendre à une déflagration générale. D’un côté des populations excédées et exténuées par un pouvoir politique qui ne pense qu’à lui seul.
Et c’est peu de dire que les ingrédients d’une explosion se mettent en place.
Simplice Allard
Source: Le Temps
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