Inconnu il y a peu, ce self-made issu de l'industrie agroalimentaire surprend et se hisse en tête des sondages.
L'autre jour, un journaliste demande à Herman Cain: «Connaissez-vous le nom du président de l'Ouzbékistan?» «Le président de l'Ouzbéki-béki-béki-Stan-stan ?, s'étonne le candidat républicain. Non, et vous ?» «Le connaître nous permet-il de créer un emploi ?», ajoute-t-il du tac au tac.
Est-ce cette manière directe et décomplexée de reconnaître qu'il ne sait «pas tout» qui fait merveille ? Le mélange de bonhomie chaleureuse, d'humour et de convictions ultraconservatrices dont fait preuve le candidat ? Est-ce surtout sa proposition phare, «9-9-9», appelant à établir un taux d'imposition unique de 9 % sur les entreprises, les revenus et les ventes, au risque de prendre à rebours la plupart des économistes établis ?
Herman Cain, patron inconnu d'une chaîne de pizza afro-américain, est devenu la surprise de la campagne présidentielle républicaine. Après avoir démarré lentement, il dépasse dans un sondage publié jeudi le favori de l'establishment Mitt Romney. La question est de savoir si l'engouement pourra durer.
Délibérément, Herman Cain se présente comme un M. Tout-le-Monde, qui a réussi grâce aux opportunités d'ascension de la société américaine. «Je suis le seul homme d'affaires de cette campagne dont la spécialité est de résoudre les problèmes», répond-il aux électeurs venus le rencontrer pour la signature de son livre, Voici Herman Cain. «Mitt Romney aussi se présente en homme d'affaires mais son expertise est du côté de Wall Street. Moi, je représente Main Street [comprendre le vrai pays, NDLR]. J'ai fait cuire moi-même les hamburgers, j'ai balayé les salles. Je sais ce qu'est un petit entrepreneur car j'en suis un», dit-il en riant.
Positions morales dures
Herman Cain est né en 1945 à Atlanta, en Géorgie, d'un père qui cumulait les emplois de gardien, de chauffeur et de coiffeur, et d'une mère femme de ménage, affirme la biographie publiée sur son site. Malgré la ségrégation qui sévissait dans ce bastion du Sud profond, son paternel a réalisé ses deux rêves: acheter une maison et envoyer ses deux fils au collège. Herman Cain ira au-delà en obtenant un master en sciences informatiques. Après un début de carrière chez Coca-Cola, il rejoindra la compagnie agroalimentaire Pillsbury, gravissant les échelons pour devenir le vice-président de sa filiale régionale, Burger King. Il p rend ensuite la direction de l'entreprise en faillite GodFather Pizza et la redresse en 18 mois, si l'on en croit son site. Quelles méthodes ont permis ce succès? Mystère. «En se serrant la ceinture de manière sérieuse et responsable, on peut sauver un business, mais aussi le pays», dit son site. Ses nouveaux partisans du mouvement conservateur et anti-étatiste des Tea Party adhèrent à ce discours de self-made-man et apprécient ses positions morales dures, notamment sur l'avortement. Pour leur plus grande joie, Herman Cain nie farouchement le changement climatique et appelle à la privatisation des retraites. «Attaquer Wall Street n'est pas la solution, si les gens n'ont pas de job, c'est leur faute», a-t-il lancé, reaganien.
Soulignant son simplisme et ses lacunes béantes, l'establishment républicain continue de ne pas croire à Cain. Sa connaissance en politique étrangère est proche de zéro. Il a été critiqué pour n'avoir pas compris une question sur le «droit au retour des Palestiniens». «Un président ne sait pas tout», réplique Cain. Parmi ses principaux handicaps, les analystes pointent le fait qu'il soit noir. Est-il imaginable que l'électorat républicain accepte qu'une bataille présidentielle se joue entre le métis Barack Obama et l'Afro-américain Herman Cain, notent certains? Mais l'homme d'affaires géorgien a là encore pris le débat à rebours, en critiquant «le lavage de cerveau des Afro-Américains» par le Parti démocrate. Il affirme que la droite «n'est pas raciste». «Mon rêve, j'ai pu le réaliser parce que l'Amérique est une grande nation», martèle-t-il.
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