Il y a vingt ans, les valenciennois m’ont demandé de les aider à sortir d’une crise économique, industrielle et sociale d’une très grande gravité. Depuis, je n’ai jamais cessé de me battre pour les Français, notamment pour les plus démunis : relance massive de la construction de logements, rénovation totale des 450 quartiers sensibles, baisse du chômage de 10,2% à 7,7% en trois ans grâce au plan de cohésion sociale, accompagnement de la mutation écologique de notre pays dans le cadre du Grenelle de l’Environnement. Pendant les neuf années que j’ai passées au sein du Gouvernement, j’ai toujours essayé d’être un bâtisseur, un rassembleur, un « tiers de confiance », tout en restant l’avocat des plus fragiles. Ma plus grande fierté est d’avoir été un ministre de « missions », souvent difficiles. Il y a un an, j’ai lancé un appel en faveur d’un virage social. Cet appel, hélas, n’a pas été entendu. Ceci s’est traduit par un profond déséquilibre au sein de la majorité que je n’ai cessé de dénoncer. J’en ai, pour ma part, tiré toutes les conséquences sur un plan personnel et politique. J’ai ainsi refusé de participer au Gouvernement, j’ai quitté l’UMP et j’ai créé, autour de l’Alliance républicaine, écologiste et sociale, un nouveau pôle d’équilibre.
J’ai également repris ma liberté. Au cours de ces derniers mois, j’ai travaillé très en profondeur pour comprendre les origines de la crise que nous connaissons, pour bâtir une vision et pour proposer un projet autour de mes priorités : la formation et la qualification de jeunes, l’école primaire, l’égalité des chances, la diversité, la baisse des prix du logement, la lutte contre le chômage, la croissance verte. J’ai réfléchi au moyen de défendre mes convictions. L’élection présidentielle étant devant nous, je m’y suis préparé patiemment et méthodiquement avec l’aide de mes amis et j’ai donné rendez-vous aux Français, à l’automne. À aucun moment, je ne me suis inscrit dans les schémas traditionnels des petites phrases, des négociations secrètes et des rapports de force.
Quelle est la situation aujourd’hui ? Quelle est mon analyse ? Tout d’abord, force est de constater que la dynamique des centres ne s’est pas créée : ni sur le projet, ni sur les hommes. Les raisons en sont multiples : manque de temps, malentendus, incompréhensions. J’en prends, évidemment, ma part de responsabilité. Sans cette dynamique, je ne vois pas comment une candidature centriste peut prétendre accéder au second tour et l’emporter. Je reste néanmoins convaincu que la France a besoin d’une grande formation humaniste, profondément européenne, assumant pleinement la diversité de notre pays.
Par ailleurs, la France, comme le reste du monde, fait face à une crise sans précédent suscitant un sentiment de crainte, de repli sur soi et de peur. Elle favorise également le développement de mesures simplistes, la recherche de bouc émissaires et le populisme. S’y ajoute un climat de suspicion généralisé lié à un interminable feuilleton judiciaire qui n’épargne aucune institution. Le risque populiste, en France comme en Europe, est réel. Et je ne veux pas faire courir ce risque aux Français. J’ai le sens de l’Etat et je suis un honnête homme. L’élection présidentielle n’est pas un concours d’ego ou de notoriété. Encore moins, le prologue de négociations à venir.
Je sais que ma décision va décevoir mes amis. Il aurait été bien plus facile de profiter des difficultés de la majorité, et notamment de la défaite au Sénat, pour exister et me démarquer. Mais, c’est une lecture trop rapide et superficielle. Je veux rassurer mes amis : je n’ai rien demandé, rien négocié, et surtout rien abandonné de mes convictions. Je vais continuer à me battre pour mes valeurs républicaines, écologistes et sociales. Je vais continuer à me battre pour que l’on cesse d’opposer les Français les uns aux autres. Et je vais continuer à me battre pour accélérer la recomposition du paysage politique français. Je suis, plus que jamais, un homme libre et déterminé à servir les Françaises et les Français
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