Nous y sommes et l'heure de vérité approche. Celle du vote qui devrait, comme souvent depuis des années, infliger une cinglante humiliation aux sondeurs (Balladur, Jospin, Eva Joly), et pourrait consacrer un second tour en forme de coup de tonnerre: Ségolène Royal-Martine Aubry, la première ayant mené une campagne tambour battant, à la fois visible et souterraine, précise dans ses solutions, claire, combative et mature , la seconde finissant mieux qu'elle n'a commencé.
François Hollande, lui, s'est concentré sur les médias et les élus. Pas de campagne " des petits pieds", ces militants qui montent les marches, sonnent aux portes, dialoguent, expliquent, jour et nuit pour leur leader. Il a fait une campagne de congrès, en oubliant trop vite que ce ne sont pas 120.000 militants qui votent mais 1 million de citoyens au minimum.
Il a par ailleurs concentré sa stratégie politique sur l'aile droite de la gauche, les bobos, les CSP + , le centre , qui lui accordent leur faveur mais ne sont pas certains d'aller voter.
Il a enfin misé en grande partie sur la France rurale, qui, en raison de l'éloignement des bureaux de vote et la peur de l'identification à gauche dans les villages ou l'on goute peu ce genre d'outing . Nouvelle erreur de stratégie électorale , dans un scrutin qui devrait consacrer le vote urbain, péri urbain et populaire.
L'illusion d'optique est telle qu'aucun commentateur ( paix à leur âme) ne prendra le risque d'émettre cette hypothèse. . Et pourtant, elle est fondée sur ces quelques arguments concrets et nourrit par l'autre vacuité de François Hollande : sa vision politique.
Rarement, un candidat ne se sera autant renié, et n'aura pratiqué avec une telle constance l'art du flou artitstique.
Je l'écoutais sur France Info ce matin.
-Incapable d'avancer un argument censé sur la dette en Corrèze , hormis le fait qu'il a réduit les investissements. Bravo , ca c'est de la vision politique qui consiste à réduire les investissements d'avenir , façon Sarkozy
-Incapable de se mettre d'accord avec lui même sur le non cumul des mandats. Voilà un monsieur qui, en 10 ans à la tete du parti socialiste n'a RIEN fait, hormis gérer des écuries et des équilibres subtils d'appareil, a soutenu la candidate Royal comme la corde soutient le pendu , a refusé de céder sa place quand la logique après la présidentielle voulait que Madame Royal devienne 1er secrétaire comme celà avait été accordé fort logiquement à Jospin en 1995 , et promet aujourd'hui une loi sur le non cuml pour 2014 , ce qui lui permet de ne pas effaroucher, avant le 1er tour, les dizaines de barons qui le soutiennent et pensent déjà aux municipales de 2014 justement
-Incapable d'avancer des chiffres réels sur les 60.000 emplois qu'il veut rétablir dans l'éducation nationale
-Incapable d'émettre une idée en nom propre, préférant faire les poches de Royal , notamment sur la taxation des produits pétroliers ou de Montebourg
Nous sommes dans une campagne de masques , nourrie par un système pervers qui ne réfléchit plus, ne pense, plus, ne pose plus clairement les enjeux.
Cette fois ci, l'affaire est trop sèrieuse pour nous laisser aller à la facilité d'un vote réflexe dont on nous dit qu'il serait une assurance vie absolue pour battre Nicolas Sarkozy.
On ne peut pas battre Nicolas Sarkozy en étant aussi prudent, en se défaussant à ce point, en se reniant autant de fois qu'il y a de jours dans une semaine.
Les fissures dans la maison Hollande apparaissent déjà. Les électeurs les ont certainement déjà vu, avant les éditorialistes, comme souvent en pareil cas.
Gare au coup de tonnerre , Dimanche prochain.
Rosebud
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