dimanche 1 avril 2012

Tout n’est pas si noir en Libye



L’anomie et le chaos, qui semblent vouloir perdurer en Libye « démocratisée », ne concernent pas ce qui est essentiel aux yeux de la « communauté internationale ». Là où il faut, les choses ont repris au quart de tour, dès les premiers signes de « victoire ». De plus, cerise sur le gâteau, Mouammar Kadhafi n’a pas fait détruire les puits de pétrole. Ainsi la production a pu atteindre actuellement 1,45 million barils par jour et dépassera, sous peu, ses niveaux d’avant la « démocratisation ». De surcroît, cette performance a été réalisée six mois avant les prévisions les plus optimistes. Comme quoi, depuis le début, depuis le dépôt de la demande à l’ONU pour remanier, à coups de bombes, la Libye, les objectifs étaient clairs et précis en termes de priorités. Selon la Fondation Jamestown ce serait « le soutien inapproprié accordé par l’Occident à une rébellion libyenne spontanée qui n’avait ni idéologie, ni objectifs communs, ni réelle organisation (qui) a donné lieu à la réalité actuelle. »

Le fait est que peu importait, ou il valait mieux, que le pays et son peuple soient livrés à toutes les dérives, pour que les affaires puissent se faire en toute tranquillité. Pour faire bonne mesure, on « encourage » le CNT, qui continue de jouer son rôle de fiction de pouvoir politique, à enquêter sur les exactions des bandes de « révolutionnaires ». Alors que les médias ont déplacé leurs appareils de propagande vers le chantier syrien.Pourtant, il ne se passe pas un jour qu’on n’apprenne que les Libyens vivent une véritable tragédie. L’International Crisis Group (ICG), cette ONG dont Collin Powell disait que c’était « une organisation qui compte », donc pas sujette à caution, rapporte que « les milices imitent l’organisation de l’armée…

Elles émettent des mandats, arrêtent et détiennent des suspects… ce qui a parfois des conséquences graves pour les communautés qui font l’objet de discrimination et de sanctions collectives ». Mais cela n’intéressent pas ceux qui étaient censés « libérer le peuple libyen de la dictature ». La « reconstruction » a ses priorités et puis, comme le dit l’ICG, « si la reconstruction de la Libye exige qu’on décide de leur sort (des bandes armées), la précipitation serait tout aussi dangereuse… ». Les droits de l’homme peuvent, maintenant, attendre.

Les compagnies de pétrole n’ont plus besoin de ce discours, qui risque, de plus, de déranger le climat des affaires. D’autant que des perspectives alléchantes se profilent à l’horizon. En ce sens, bien naïf sera celui qui peut croire que les menaces de sécession de la Cyrénaïque ne viennent pas d’un plan préétabli. La région recèle plus de 80% des richesses en hydrocarbures et son intention de se séparer du reste n’a pas fait bouger un cil à Barak Obama. Lui qui a décidé, du haut de son impunité et de sa morgue, de refuser de restituer l’argent libyen, soustrait pour « sanctionner » Kadhafi. Ce qui signifie que cet argent est soit un butin de guerre, soit que tout n’est pas fini dans l’entreprise de « démocratisation » et ce n’est pas le CNT qui dénoncera ce hold-up. Du pétrole qui coule, de l’argent frais sans propriétaires reconnus, la virée libyenne de l’OTAN a apporté tous ses fruits.

Ahmed Halfaoui

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