“Le commandeur des Chevaliers Templiers d’Europe et l’un des leaders du mouvement National et pan-européen de résistance patriotique”,
L´extrémiste, l´ex-franc-maçon Anders Behring Breivik est le nom du fils du pays du prix Nobel de la Paix qu´est la Norvège le royaume des Fjords et des écrivains Knut Hamsun, Henrik Ibsen, Sigrid Undset, qui le 22 juillet 2011 a posé une bombe tuant 8 personnes près de la maison ministérielle et massacré 68 jeunes du parti travailliste sur l´île d´Utoya afin de sauver son pays du marxisme culturel et de l´islamisation. Il est vrai que la Norvège qui n´a pas un passé colonial a 12% d´immigrés dont la plupart sont employés pour l´exploitation du pétrole. Le “sauveur” Anders Breivik appartenait au Parti du progrès (FrP) considéré comme la droite populiste qui est la seconde force politique du Parlement norvégien avec 22.9% de voix aux dernières élections législatives de septembre 2009. Ce fils de diplomate fier d´avoir gagné son premier million à 24 ans, affirme que «le multiculturalisme est une idéologie haineuse anti-européenne dont le but est de détruire les cultures et traditions européennes, les identités européennes, la chrétienté européenne et même les Etats-nations d’Europe. En tant que tel, c’est une idéologie génocidaire du mal, créée avec pour seul objectif l’annihilation de tout ce qui est Européen». Ce jeune Norvégien BCBG de 34 ans à qui on évite d´accoler l´adjectif terroriste qui remercie “ses frères et sœurs qui l’ont soutenu en Grande-Bretagne, France, Allemagne, Suède, Autriche, Italie, Espagne, Finlande, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Etats-Unis,” ... est actuellement entendu à huis clos parce que tout ce qui concerne le racisme est d´après mes observations traité portes closes dans les pays nordiques.
Voilà trente-cinq ans que j´habite en Suède et que ce sujet est évoqué comme une blague ou à huis clos car tabou. “Il y a 30 ans un raciste était une blague” a écrit Peter Kadhammar dans le Journal du soir “Aftonbladet” à Stockholm le 27 juillet 2011. Et c´est vrai.
Noire, femme, immigrante Guadeloupéenne, je me suis déjà exprimée dans tous les sens sur le racisme, «l'intégration», «la xénophobie», et tous ses sujets de ségrégation. Mon premier article sur le sujet fut dans le quotidien de Sundsvall (SundvallsTidning) en 1985 sans aucune réaction suédoise autre que “Ce n´est pas si grave que cela.” “N´exagérons pas.” “Ce n´est pas ce qu´ils veulent dire”, “Il n´y a pas de racisme en Suède” alors que les Suédois commençaient à importer des robes en drap de coton blanc et des croix du Ku Klux Klan et les brûlaient dans les jardins des immigrés dans le sud de la Suède bien aidés par croix-sur-bouche des Suédois car le mot racisme est banni. Seul le mot xénophobie est de rigueur. Dire que je suis de race noire est d'une inconvenance. Consolation ou non, au moins en France, il est permis aux noirs d´être black et on en parle même si c´est en SOS. Eh oui ! Tout est relatif, est la rengaine.
Au fil des années j´ai vu le processus de l´immigration dite tardive de la Suède. Lorsque je suis arrivée c´était l´ère des Finlandais. Mon professeur de suédois était Finlandaise donc mes balbutiements en suédois étaient en accent finlandais. Puis la croissance économique attira les Allemands, les Italiens, les Grecques, les Yougoslaves et les Turques. La décroissance économique des années 70 emmena avec elle une immigration de regroupement familial puisque la Suède se voulut un modèle de terre d’accueil pour les réfugiés politiques du monde entier. Affluèrent les Chiliens, les Yougoslaves, Les Ethiopiens, les Vietnamiens, les Irakiens, les Erithréens, les Iraniens, les Irakiens, etc. Les centres de réfugiés pullulaient en 1980. Et commence la Suède multiculturelle. L´islam est aujourd´hui la religion la plus pratiquée en Suède. Et bien sûr les Suédois luthériens qui prenaient leur liberté d´expression pour acquis se sentent menacés par ce qu´ils considèrent un envahissement culturel et religieux migratoire qui étouffe leurs traditions identitaires.
D´après l´histoire, au début du XVIe siècle, l'Église catholique romaine monnayait le système d'indulgence qui faisait croire au peuple que l'on pouvait se racheter en donnant de l'argent à l'église ou par des œuvres tels la prière, le pélerinage, etc. Ce système fût dénoncé par John Wyclif en 1300 puis Jan Hus en 1400, et en 1517, par le moine augustin et théologien Martin Luther qui protestait que cette pratique éloignait le chrétien de la véritable source de salut : la grâce de Dieu. Il y eût un désaccord théologique et Luther fût excommunié d´où le protestantisme. Aujourd'hui la Suède protestante respecte ses traditions mais n´est pas du tout fanatique de religion.
Ce qui n´empêcha pas la croisade du Suédois John Wolfang Alexander Ausonius “L´homme au laser” à Stockholm qui entre 1991 et 1992 assassina un immigré et blessé 10 autres à l´aide d´un fusil équipé d'un laser. Je n´oublierai jamais la peur de mes amis hommes immigrés arabes, haïtiens, cubains... qui se voilaient de burqa. En 2010 à Malmö sa copie le suivit cette fois surnommé « L´homme-laser » qui fit une morte et des blessés.
Malgré quelques attitudes incertaines et subtiles décelées par ma sensibilité, je ne vis pas dans un milieu où on m´avoue ouvertement ne pas aimer les noirs ou autres, peut-être parce que cela ne se dit pas et jusqu´ici, à part quelques rares exceptions, les suédois sont corrects à mon égard. Ainsi, je n´ai jamais osé écrire sur le racisme des suédois en français, peut-être parce que juger sournoisement un pays où j´ai choisi de vivre afin de panser mes blessures créoles est me juger moi-même, en pensant à tous ceux qui restent malgré tout dans leur pays. Ou encore, c´est un sujet qui me réveille des émotions génétiques enfouies, bien muselée aussi par la remise en question que m´occasionnerait le débat sur le clair, plus clair, rouge, blanc ou trop noir de chez nous aux Antilles. Dans mon enfance, les plus clairs faisaient tout ce dont je rêvais. Je ninvente rien. Sé konsa sa yé. Ceci ajouté à l´introspection : Est-ce que je suis mieux traitée dans mon pays la Guadeloupe ? L´être humain a tendance à généraliser. Quelques pénibles expériences avec des blancs métropolitains et même avec mes compatriotes sur mon île m´ont prouvé que non ! Non ! Mais ce n´est pas de leur faute, dit-on. Ils ne savent pas ce qu´ils font Quelque soit notre race, notre réflexion ou nos appartenances, nous avons mille raisons pour excuser ce racisme latent en nous-mêmes.
Personnellement j´ai bien des défauts où la vanité parfois bat son plein, mais jamais je n´ai eu l´arrogance de me croire supérieure à qui que ce soit ou quoi que ce soit en sachant qu'une grenouille peut se transformer en prince. Un état qui m'aida à vivre en Suède, car à mon arrivée en 1976, mon intégration m´obligea à m´imprégner de la “Loi de Jante”, un traité qui assemble des règles profondément établies et pratiquées dans les pays nordiques, tirées du livre d´Aksel Sandemose écrit en 1933: “Un réfugié dépasse ses limites.” Kouté pou tann ! Écoutez pour entendre !
- Tu ne dois pas croire que tu es quelqu'un de spécial !
- Tu ne dois pas croire que tu vaux autant que nous !
- Tu ne dois pas croire que tu es plus sage que nous !
- Tu ne dois pas t'imaginer que tu es meilleur que nous !
- Tu ne dois pas croire que tu sais mieux que nous !
- Tu ne dois pas croire que tu es plus que nous !
- Tu ne dois pas croire que tu es capable de quoi que ce soit !
- Tu ne dois pas rire de nous !
- Tu ne dois pas croire que quelqu'un s'intéresse à toi !
-Tu ne dois pas croire que tu peux nous apprendre quelque chose.
Un code de conduite qui aurait bien pu aussi être de mon pays. Je reconnais le suivre vaillamment en tout honneur, bien gelée dans mon pays adoptif. Un système qui m´apprit à être fière d'être immigrante, une femme qui bouge et à dépasser mes limites, à me connaître, être et rester moi-même, en me réchauffant du feu de l´espoir de la femme créole tombée n´a jamais désèspéré. Éduquée par des sages créoles, je tombe toujours avant qu´on me laisse tomber, à dessein de me relever toute seule en Négresse Solitude. Pour le moment je suis assise, me disant naïvement que tout en n´ayant rien à apprendre à quiconque, si cette nouvelle catastrophe européenne nous ouvre à tous les yeux, tous les assassinés de ces dernières années dans le monde entier ne sont pas morts en vain quoique... le doute m´étreint, mais heureusement pas le doute de croire à la Paix intérieure.
Puisque je ne peux exprimer verbalement cette tragédie norvégienne qui réveille bien des consciences endormies, que faire? La prière est un dialogue intérieur en direct avec le Soi en tous et en tout sans intermédiaire, afin d´atteindre le silence libérateur qui éteint les sanglots qui menacent de nous étrangler de détresse. Aussi la seule chose que je peux au moment où j'écris, c'est de prier : Priez pour ceux qui ont été tués, priez pour leurs familles, priez pour tous les affligés, priez pour le meurtrier, priez pour le monde entier et... priez pour moi-même la Négresse Nordique au seuil de la sagesse... qui ne perd pas le nord. Ka-w vlé fè ? est le soupir de compassion créole.
Maxette Olsson
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