20 ans après, les mânes du Pasteur Sylvio Claude crient justice dans ce boucan silencieux de la passivité et de la complicité honteuse des humanoïdes siégeant dans la pétaudière du pouvoir où le DROIT est mis à mort par leur loi...
N'est-ce pas au nom de leur loi que les assassins du pasteur jouissent de la plénitude de leur liberté?
N'est-ce pas au nom de leur de leur loi que le mandat d'amener émis par le Juge Instructeur Hénock Voltaire, sous la présidence du Juge Joseph C. Nérette, en date du six novembre de l'année du crime, n'a jamais été exécuté contre un inculpé, présumé innocent bien sur, devenu par la grâce des événements, un usufruitier incontestable du caïdat, (butin électoral de prestigieux faquins), dépêché par son patron de l’époque, au travail du fossoyeur pour protéger et servir...
Que la famille du grand supplicier, les membres du PDCH dans leur entièreté, les églises protestantes et les adeptes de tout culte...que les tenants du savoir, riches et pauvres, les élites paysannes et urbaines, patrons, ouvriers et chômeurs, écoliers et étudiants… que la partie encore saine du pays et que ceux qui ont l'impérieux DEVOIR de comploter UTILEMENT pour que HAITI CHANGE et pour que FORCE reste à la LOI trouvent ici l'expression de ma colère, pardon, de mes sentiments encore inexprimés...
J’ose croire que sous la présidence de Joseph Michel Martelly, au nom du changement prôné et du divorce annoncé d’avec les veilles pratiques mettant l’appareil judiciaire sous contrôle de l’exécutif, enfin, JUSTICE sera rendue au pasteur Claude…
(Pages retrouvées : mes propos á l’occasion des funérailles du Pasteur Sylvio Claude)
‘’ Le destin n’est pas la mort, il est fait de tout ce qui impose à l’homme la conscience de sa condition’’. Cette pensée de Malraux, si sereine, si détachée imprègne de sa pertinence ce morceau de conjoncture qui étreint aujourd’hui le cœur de tous les haïtiens. En effet, le 29 septembre 1991, au début de la commotion dont le pays fait encore internationalement les frais, un ‘’monument’’ tomba du haut de son socle. Tout près de Macaya qui abrita les cohortes guerrières d’Acau, dans le voisinage d’une Grand’Anse tourmentée qui façonna l’histoire au rythme de Goman, plus précisément au ‘’Carrefour Quatre Chemins’’ où flotte, encore tenace, l’esprit de Marchaterre, le Pasteur Sylvio C. Claude rencontra son destin.
Ce destin dont parle Giraudoux et ‘’ qui est simplement la forme accélérée du temps’’. Rien de tout ce qu’a vécu la population haïtienne durant ces cinq dernières années ne laissait prévoir un tel dénouement dans un pareil cheminement. Tout au plus, l’orage qui s’amoncelait depuis ces sept derniers mois sur la tête fatiguée de six millions d’haïtiens laissait simplement présager un cataclysme funeste pour la société dans sa quasi-totalité.
Aujourd’hui, comme hier au Pont-Rouge, Haïti pleure l’un de ses fils les plus braves qu’une meute sanguinaire et inhumaine déchiqueta de ses crocs de fauves sans conscience. Car, si l’animal tue par besoin, les assassins de Sylvio Claude ont tué par calcul mesquin, par plaisir malsain.
…Ils ont tué pour faire plaisir au satrape qui perçait sous la défroque d’un homme d’église. …Ils ont tué pour respecter le diktat d’un tyranneau flanqué de courtisans apeurés.
…Ils ont tué pour continuer à montrer au monde civilisé comment nous traitons les nôtres, fussent-ils des génies.
Durant plus de quinze ans de vie politique au cours de laquelle, il n’a signé aucun désaveu entre ses convictions et son comportement, le Leader Sylvio C. Claude étonnait le monde par les multiples facettes de son gros bon sens, la justesse de ses analyses et la profondeur de ses propos.
Emule sur le terrain des premiers opposants aux Duvalier, le Pasteur eut vite fait de troquer sa bible de pêcheur d’âmes contre le livre de meneur d’hommes mais toujours en restant très près des enseignements contenus dans la première. ‘’L’homme, encore l’homme, toujours l’homme’’ se tenait au centre de ses préoccupations.
L’homme de Cité Soleil, de la Saline, de Bel-Air, de Carrefour-Feuilles, de Tifour, de Morne-Nélio, de Carrefour, de Bas-Delmas, de Solino, de Bassin Philomène…
L’homme de la Fossette, de Cité Lescot, de Raboteau, de Sainte-Hélène, de Lan Kot Fè…
Cette totalité d’hommes recevait de cet homme d’église, ce supplément d’âme qui l’obligeait à donner à sa lutte un surcroit d’humanisme. Et c’est justement cet humanisme qui moulait la personnalité attachante du Pasteur, changeant son statut de chef de bande en figure de proue de la politique haïtienne.
Harangueur au verbe haut, intransigeant dans ses schismes comme dans ses alliances, il demeura toujours obsédé par le devenir de l’homme haïtien du moins de celui que l’histoire abandonna aux confins de toutes les misères. Et c’est cet homme, celui que la théologie haïtienne de la libération a fini par déshumaniser totalement, qui aujourd’hui éviscère le leader préalablement démembré à coups de machettes et de haches. C’est ce même homme qui, au comble de la plus cruelle infamie, au summum de la sauvagerie la plus révoltante mit le feu au corps de l’agonisant comme pour lui faire regretter d’avoir été porte parole.
Quoi qu’il en soit, les hyènes et les chacals ont fait leur travail dans le silence coupable et l’indifférence exécrable de ceux pour lesquels le Pasteur luttait. La nuit du 29 septembre 1991 a donc baissé le rideau sur un intervalle d’abjection.
Et parce que ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder fixement, vous continuerez à vivre, Pasteur Sylvio Claude, car vous êtes un soleil qu’aucune entité ne saurait éteindre.
Emmanuel MENARD Directeur de l’Observatoire Politique et Juridique
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