Le 14 mai dernier a consacré la «marche-arrière» d'Haïti, point. Un triste retour à la réalité qui a prévalu dans le pays avant le « mouvement de 1946 », quand des hommes, à cause de leur épiderme, furent condamnés par l'élite bourgeoise à être des « intouchables » dans leurs propres pays, où ils représentent plus de 95% de la population. Ceci pour dire qu'il y a eu une contradiction profonde entre les pratiques discriminatoires d'avant 1946 et l'idéal égalitaire de Jean Jacques Dessalines introduit dans les mœurs haïtiennes le 1er Janvier 1804. Le mouvement de 1946, quoique kidnappé et détourné par les « noiristes » et les « pragmatiques », s’était fait, il faut le signaler, à titre de simple rectification d’un mal coloriste historique, avec comme principe fondateur «tout homme est un homme ». Cette rectification renvoyait à la question historique et percutante du fondateur d'Haïti: « Et les pauvres nègres dont leurs pères sont en Afrique, n'auront ils donc rien ?». Ceci dit, il n’y a pas à redire de l'essence idéologique progressiste du mouvement de 46 de transformer « la condition humaine ».
L'accession de Michel Martelly à la présidence met fin à l'illusion nationale et progressiste des années 90, la brève période où le peuple qui chassa la dynastie duvaliérienne du pouvoir en 1986, jouait son rôle historique de faiseur d'histoire en plaçant triomphalement au pouvoir Jean Bertrand Aristide, le prêtre des pauvres. L'expérience n'a duré que sept mois. Le vautour du nord, dans sa gloutonnerie coutumière avait en effet fait appel à ses sbires armés en uniforme. Le résultat fut catastrophique sur le plan humain : plus de 5000 cadavres en trois ans de répression sauvage et des milliers de déplacés, prisonniers, torturés...sans mentionner l'exode massif des cadres techniques et politiques vers les cieux plus cléments des États-Unis d'Amérique et du Canada. Le « retour à la démocratie » organisé en octobre 1994, sous le manteau des Nations Unies, en réalité des Américains, avait été totalement piégé. Le président (légitime) ramené dans les fourgons de l’armée américaine avait les mains et pieds liés; visiblement l'international était aux commandes. Les bourgeois haïtiens gagnèrent encore. Ceux-là qui complotèrent à hauteur de plus de 30 millions de dollars pour la perpétuation et l'exécution du coup d'état de 1991, reçurent des primes pour leurs forfaits. L'USAID avait loué la résidence du leader putschiste, Raoul Cedras, pour la somme de 120.000 dollars américains par an. Aujourd'hui encore, M. Cedras perçoit cet argent après qu'il eut été déclaré « combattant de la liberté » par l'ancien président américain Jimmy Carter en 1997.
Les bourgeois de souche européenne et arabe qui maintiennent les descendants d'esclaves haïtiens dans une crasse insupportable tout en vivant dans un luxe insolent, ont ouvertement repris du service en Haïti le 14 mai dernier, pour prendre leur ultime revanche. Haïti est parmi les rares pays capitalistes, si ce n'est pas le seul, où les composantes de la classe dominante sont viscéralement contre tout processus de production massive de biens au profit de l'importation à outrance et combat toute tentative de fiscalisation et de réglementation de leurs activités « commerciales ». Les riches ne paient pas en Haïti, ils ne créent pas de jobs non plus ; par contre ils complotent en permanence contre toute expression de changement dans le pays. Ce comportement a conduit le peuple haïtien à vivre dans la honte de deux invasions militaires, suivies d'occupation, en une seule décennie.
Le dernier coup d’Etat et coup de massue à la volonté populaire a eu lieu en février 2004, l'année même marquant le bicentenaire de l'indépendance nationale. La mafia internationale s’empressa de placer ses pions au pouvoir, des hommes tels que: Gérard Latortue, René Préval et aujourd'hui Michel Martelly. D'où vient ce dernier?
Certains observateurs étrangers, dans leurs interventions, parlent d'un «phénomène Martelly». Il n'y a pas un phénomène politique Martelly en Haïti. Les chiffres ne plaident nullement pour un soi-disant homme extraordinaire. D'ailleurs, le fait d’avoir été élu président avec une infime minorité de la population, soit «15.23% de l'électorat», renvoie à la subconscience le réflexe d' un «petit chef d'état». Les conditions dans lesquelles ces élections ont été organisées sont du reste considérées comme une catastrophe. Sur le plan logistique, quoiqu’ayant eu près de 40 millions de dollars à sa disposition, le conseil électoral provisoire (CEP) a battu tous les records de brigandage aux urnes dans les annales électorales en Haïti, y compris durant l'époque des baïonnettes au 19e siècle. Sur le plan politique, balayant la principale force politique du pays, « Fanmi Lavalas», par des moyens illégaux et honteux, ces élections restent et demeurent une méprisable mascarade. Par-dessus le marché, l'arrogance de l'international à dicter sa loi expose à nu le scandale d'un plan anti-Haïti.
L'accession de Michel Martelly à la présidence est plutôt le résultat du cynisme singulier de l'international dans ses acrobaties agressives à contrôler l'espace haïtien. Les néo-colons des États-Unis, de la France, du Canada et du Brésil ont tout fait pour préparer la voie à l'émergence de la droite, peu importe l'homme, y compris l'insolent Michel Martelly, crédité de seulement «15.23% de l'électorat». Par contre, il y a des raisons normatives permettant d'expliquer cette marche-arrière politique d'Haïti.
En premier lieu, c’est l'incohérence flagrante d'une «classe politique» vieillie et fatiguée, d'ailleurs sans projets et enfermée dans une logique stérile de conquête du « pouvoir pour le pouvoir » engendre sa faiblesse et la fait sombrer trop souvent dans la pratique des volte-face (flip-flop). Depuis 2004, ceux qui font de la politique en Haïti abandonné leur raison d'être pour s'aligner totalement sur l'international. Ce qui a étrangement conduit à une uniformité répugnante chez les hommes politiques autour d'un soi-disant «idéal républicain», en chute libre partout dans le monde. Historiquement, il a toujours existé dans le pays un camp national où des gens vivaient encore mûs par l'idéal dessalinien. De nos jours ils sont ridiculisés partout, à l'étranger comme en Haïti. Cette référence indigène qui a toujours préservé l'âme nationale des assauts du «blanc» est en situation difficile et frise même la disparition.
Il y a aussi l'infantilisme idéologique et politique du secteur se réclamant du «camp progressiste», qui depuis 1986 s'autodétruit en commettant des bévues indignes du militantisme populaire. Mentionnons d'abord le fonctionnement anti-démocratique des cadres politiques de ce secteur, consistant à individualiser les décisions politiques ; comportement dû à un manque de pratiques démocratiques au sein des organisations et l'absence de toute expérience à partir des tâches pratiques. Le militant progressiste perçoit le camarade dirigeant comme un adversaire, parce qu'il n'a jamais reçu au sein d'une organisation l'éducation nécessaire relative à l'importance d'une culture de discipline et de respect vis-à-vis des dirigeants organisationnels. Le cadre politique, jamais intégré dans aucune structure digne de ce nom, se positionne en fonction de ses intérêts et rêves personnels dépourvus d'essence populaire et patriotique, l’éloignant ainsi davantage des vrais militants. Cet état de choses a conduit partiellement à l'échec des expériences de 1991 et de 2004. Le pouvoir n'était pas conçu comme une expérience politique en mutation, pour la première fois entre les mains des masses. Au contraire, il était perçu comme une pratique gouvernementale traditionnelle où les luttes d'influence ont noyé l'aspect fondamental du processus en cours qu'étaient la consolidation du pouvoir et les revendications fondamentales des masses. L'ivresse du pouvoir conduisit à des luttes politiques intestines qui dépassèrent largement, au moins dans sa férocité verbale, l'hostilité à l'endroit des adversaires politiques de droite qui allaient assassiner, faire disparaître et emprisonner sous la torture des milliers de militants en 1991 et en 2004.
Le gouvernement qui vient de quitter le pouvoir le 14 mai dernier est responsable de la vassalisation de toutes les institutions nationales et de la perpétuation de l'occupation. Sans la présence des forces multinationales, l'ancien président René Preval n'aurait pu terminer son mandat. Aussi, il a accepté sans considération aucune toutes les dictées de l'international en échange de pouvoir conserver le pouvoir après la fin de son mandat, en devenant premier ministre à la manière de Vladimir Putine en Russie et, en plaçant Jude Célestin, son beau-fils, au palais comme président. L’ironie, c'est que l'ancien président n'était pas suffisamment de droite. Aussi, l'international lui a préféré Michel Martelly au détriment du candidat du président sortant.
L'accession de Martelly au pouvoir est un paradoxe. Arrivé en 3e position après les premiers résultats préliminaires du CEP, le candidat de Repons peyizan bénéficiait de l’intervention de l'ambassadeur américain et des instances internationales qui ont contraint publiquement l'institution électorale à revoir sa copie pour parachuter Martelly au second tour. De mémoire d'analyste politique, je n'ai jamais vu un comportement aussi vulgaire et brutal. Le président actuel a toujours été le valet de la bourgeoisie haïtienne, d'ailleurs il s'en est toujours enorgueilli. Donc, sa prise de pouvoir marque le retour brutal de la réaction aux affaires, cette fois-ci sans intermédiaire. Son premier acte majeur officiel a été la désignation d'un premier ministre. Comme on s'y attendait, il a fait choix d'un commerçant pour diriger le gouvernement, en la personne de Daniel Gérard Rouzier. Comme Martelly, M. Rouzier fut un grand artisan des deux derniers coup d'état dont ont été victime Jean B. Aristide et le peuple haïtien. Voilà qu’aujourd'hui on le présente comme un légaliste et un démocrate convaincu, quelle ironie!
M. Rouzier se veut un modernisateur qui a réussi dans le business, c'est à dire un grand bourgeois. Cependant, E-power, une petite compagnie d'électricité dotée de 30 mégawatt, créée par le premier ministre désigné au coût de 57 millions de dollars respecte la logique traditionnelle en mettant sa production électrique au service de la « république de Port-au-Prince ». Ne pouvait il pas créer une plus grande compagnie, lorsqu'on considère qu'un bourgeois comme Gilbert Bigio est à la tête d'un empire de plus d'un milliard de dollars à lui seul ? Des amis étrangers éprouvent toujours beaucoup de difficultés à comprendre la logique minimaliste qui anime les élites haïtiennes. Comment est-ce qu’un pays qui s'est imposé à la face du monde comme « mère de toute liberté » a pu produire tant de minimalistes ? Donc, la décentralisation d'Haïti n'est pas pour demain. Transférer le pouvoir politique à la bourgeoisie haïtienne est une aberration dans un pays où la classe dominante a échoué lamentablement. Haïti est un pays d'importation qui dépense plus de 2.727 milliards de dollars américains annuellement pour l'achat de toutes sortes de biens à l'étranger pour la consommation locale. Parallèlement, le pays exporte à l'extérieur pour une bagatelle de 530.2 millions de dollars l'an.
D'après ce qu'on écrit, « Haïti est une économie de libre marché», donc capitaliste, et il est aussi normal qu'une poignée d'individus s'approprie légalement des richesses du pays. Pour créer ces richesses, les bourgeois ont besoin d'une force de travail qualitative et quantitative. Cela permet à des milliers d'hommes et de femmes de trouver un emploi, d’ailleurs précaire, afin de subvenir maigrement aux besoins de leurs familles : c’est là le seul «avantage» pour les masses. Les richesses d'Haïti sont confisquées par une poignée ne dépassant pas 20 familles, et le taux de chômage touche plus de la moitié de la population. Donc, la classe dominante haïtienne ignore tout de sa mission historique de créer des emplois. Pour la récompenser l'international et l'oligarchie ont décidé de remettre le pouvoir à ses représentants, en la personne de Gérard Rouzier, pour perpétuer davantage le pillage du pays et la paupérisation des masses.
Dans l’esprit de l'international et de la droite, la stratégie la plus compatible avec leur visées consiste à remettre le pays aux commerçants, surtout avec l'échec constaté de la classe moyenne au pouvoir depuis 1946. Cette nouvelle réalité va propulser les éléments de la classe intermédiaire, exclusivement noire, au bord de l'explosion. Le secteur public qui absorbe une grande majorité d'entre eux n'offre plus de sécurité. Sous prétexte de corruption qui a toujours marqué l'administration publique haïtienne et les pressions du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement va procéder à des révocations massives dans ce secteur. Donc, l'observateur lucide s'attend à un effet de boomerang. Une classe moyenne non-satisfaite, alliée à une masse de pauvres en guenille constitue une équation explosive qui, historiquement a toujours conduit à des changements en profondeur au sein de la société. On s'attend à une radicalisation des revendications populaires contre la gestion des riches. Pour freiner le mouvement, le gouvernement va procéder comme d'habitude à la répression sauvage des mouvements sociaux, déjà l'un des proches de Martelly s'organise dans ce sens.
D' après des informations dignes de foi qui circulent à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, le bras-droit de Martelly, Roro Nelson, croit qu'il est impossible de diriger Haïti sans avoir recours à une Milice. Pour cela, il est déjà en contact avec les dirigeants de différentes « bases »( groupes criminels) opérant à la capitale en vue de les coopter et de les domestiquer dans le cadre d'un projet de sécurité nationale. Le président lui-même n'a jamais caché son animosité à l'endroit des groupes sociaux et militants de gauche dans le pays. Ses ramifications avec l’extrême-droite pendant la période terrible du premier coup d'état de 1991 sont documentées. Participant à toutes les manifestations de soutien du groupe paramilitaire FRAPPH, il a été d'un grand support aux putschistes militaires en animant les rues avec de la musique et des slogans incendiaires contre le peuple qu'on massacrait. D'après le prêtre progressiste assassiné en 1994, Jean-Marie Vincent, Martelly patrouillait les rues avec les militaires au cours de la nuit à la recherche de militants Lavalas cachés. Il représente la droite brutale dans toute sa laideur. De toute évidence, les riches sont au pouvoir pour de bon!
Joël Léon
Le 14 mai dernier a consacré la «marche-arrière» d'Haïti, point. Un triste retour à la réalité qui a prévalu dans le pays avant le « mouvement de 1946 », quand des hommes, à cause de leur épiderme, furent condamnés par l'élite bourgeoise à être des « intouchables » dans leurs propres pays, où ils représentent plus de 95% de la population. Ceci pour dire qu'il y a eu une contradiction profonde entre les pratiques discriminatoires d'avant 1946 et l'idéal égalitaire de Jean Jacques Dessalines introduit dans les mœurs haïtiennes le 1er Janvier 1804. Le mouvement de 1946, quoique kidnappé et détourné par les « noiristes » et les « pragmatiques », s’était fait, il faut le signaler, à titre de simple rectification d’un mal coloriste historique, avec comme principe fondateur «tout homme est un homme ». Cette rectification renvoyait à la question historique et percutante du fondateur d'Haïti: « Et les pauvres nègres dont leurs pères sont en Afrique, n'auront ils donc rien ?». Ceci dit, il n’y a pas à redire de l'essence idéologique progressiste du mouvement de 46 de transformer « la condition humaine ».
L'accession de Michel Martelly à la présidence met fin à l'illusion nationale et progressiste des années 90, la brève période où le peuple qui chassa la dynastie duvaliérienne du pouvoir en 1986, jouait son rôle historique de faiseur d'histoire en plaçant triomphalement au pouvoir Jean Bertrand Aristide, le prêtre des pauvres. L'expérience n'a duré que sept mois. Le vautour du nord, dans sa gloutonnerie coutumière avait en effet fait appel à ses sbires armés en uniforme. Le résultat fut catastrophique sur le plan humain : plus de 5000 cadavres en trois ans de répression sauvage et des milliers de déplacés, prisonniers, torturés...sans mentionner l'exode massif des cadres techniques et politiques vers les cieux plus cléments des États-Unis d'Amérique et du Canada. Le « retour à la démocratie » organisé en octobre 1994, sous le manteau des Nations Unies, en réalité des Américains, avait été totalement piégé. Le président (légitime) ramené dans les fourgons de l’armée américaine avait les mains et pieds liés; visiblement l'international était aux commandes. Les bourgeois haïtiens gagnèrent encore. Ceux-là qui complotèrent à hauteur de plus de 30 millions de dollars pour la perpétuation et l'exécution du coup d'état de 1991, reçurent des primes pour leurs forfaits. L'USAID avait loué la résidence du leader putschiste, Raoul Cedras, pour la somme de 120.000 dollars américains par an. Aujourd'hui encore, M. Cedras perçoit cet argent après qu'il eut été déclaré « combattant de la liberté » par l'ancien président américain Jimmy Carter en 1997.
Les bourgeois de souche européenne et arabe qui maintiennent les descendants d'esclaves haïtiens dans une crasse insupportable tout en vivant dans un luxe insolent, ont ouvertement repris du service en Haïti le 14 mai dernier, pour prendre leur ultime revanche. Haïti est parmi les rares pays capitalistes, si ce n'est pas le seul, où les composantes de la classe dominante sont viscéralement contre tout processus de production massive de biens au profit de l'importation à outrance et combat toute tentative de fiscalisation et de réglementation de leurs activités « commerciales ». Les riches ne paient pas en Haïti, ils ne créent pas de jobs non plus ; par contre ils complotent en permanence contre toute expression de changement dans le pays. Ce comportement a conduit le peuple haïtien à vivre dans la honte de deux invasions militaires, suivies d'occupation, en une seule décennie.
Le dernier coup d’Etat et coup de massue à la volonté populaire a eu lieu en février 2004, l'année même marquant le bicentenaire de l'indépendance nationale. La mafia internationale s’empressa de placer ses pions au pouvoir, des hommes tels que: Gérard Latortue, René Préval et aujourd'hui Michel Martelly. D'où vient ce dernier?
Certains observateurs étrangers, dans leurs interventions, parlent d'un «phénomène Martelly». Il n'y a pas un phénomène politique Martelly en Haïti. Les chiffres ne plaident nullement pour un soi-disant homme extraordinaire. D'ailleurs, le fait d’avoir été élu président avec une infime minorité de la population, soit «15.23% de l'électorat», renvoie à la subconscience le réflexe d' un «petit chef d'état». Les conditions dans lesquelles ces élections ont été organisées sont du reste considérées comme une catastrophe. Sur le plan logistique, quoiqu’ayant eu près de 40 millions de dollars à sa disposition, le conseil électoral provisoire (CEP) a battu tous les records de brigandage aux urnes dans les annales électorales en Haïti, y compris durant l'époque des baïonnettes au 19e siècle. Sur le plan politique, balayant la principale force politique du pays, « Fanmi Lavalas», par des moyens illégaux et honteux, ces élections restent et demeurent une méprisable mascarade. Par-dessus le marché, l'arrogance de l'international à dicter sa loi expose à nu le scandale d'un plan anti-Haïti.
L'accession de Michel Martelly à la présidence est plutôt le résultat du cynisme singulier de l'international dans ses acrobaties agressives à contrôler l'espace haïtien. Les néo-colons des États-Unis, de la France, du Canada et du Brésil ont tout fait pour préparer la voie à l'émergence de la droite, peu importe l'homme, y compris l'insolent Michel Martelly, crédité de seulement «15.23% de l'électorat». Par contre, il y a des raisons normatives permettant d'expliquer cette marche-arrière politique d'Haïti.
En premier lieu, c’est l'incohérence flagrante d'une «classe politique» vieillie et fatiguée, d'ailleurs sans projets et enfermée dans une logique stérile de conquête du « pouvoir pour le pouvoir » engendre sa faiblesse et la fait sombrer trop souvent dans la pratique des volte-face (flip-flop). Depuis 2004, ceux qui font de la politique en Haïti abandonné leur raison d'être pour s'aligner totalement sur l'international. Ce qui a étrangement conduit à une uniformité répugnante chez les hommes politiques autour d'un soi-disant «idéal républicain», en chute libre partout dans le monde. Historiquement, il a toujours existé dans le pays un camp national où des gens vivaient encore mûs par l'idéal dessalinien. De nos jours ils sont ridiculisés partout, à l'étranger comme en Haïti. Cette référence indigène qui a toujours préservé l'âme nationale des assauts du «blanc» est en situation difficile et frise même la disparition.
Il y a aussi l'infantilisme idéologique et politique du secteur se réclamant du «camp progressiste», qui depuis 1986 s'autodétruit en commettant des bévues indignes du militantisme populaire. Mentionnons d'abord le fonctionnement anti-démocratique des cadres politiques de ce secteur, consistant à individualiser les décisions politiques ; comportement dû à un manque de pratiques démocratiques au sein des organisations et l'absence de toute expérience à partir des tâches pratiques. Le militant progressiste perçoit le camarade dirigeant comme un adversaire, parce qu'il n'a jamais reçu au sein d'une organisation l'éducation nécessaire relative à l'importance d'une culture de discipline et de respect vis-à-vis des dirigeants organisationnels. Le cadre politique, jamais intégré dans aucune structure digne de ce nom, se positionne en fonction de ses intérêts et rêves personnels dépourvus d'essence populaire et patriotique, l’éloignant ainsi davantage des vrais militants. Cet état de choses a conduit partiellement à l'échec des expériences de 1991 et de 2004. Le pouvoir n'était pas conçu comme une expérience politique en mutation, pour la première fois entre les mains des masses. Au contraire, il était perçu comme une pratique gouvernementale traditionnelle où les luttes d'influence ont noyé l'aspect fondamental du processus en cours qu'étaient la consolidation du pouvoir et les revendications fondamentales des masses. L'ivresse du pouvoir conduisit à des luttes politiques intestines qui dépassèrent largement, au moins dans sa férocité verbale, l'hostilité à l'endroit des adversaires politiques de droite qui allaient assassiner, faire disparaître et emprisonner sous la torture des milliers de militants en 1991 et en 2004.
Le gouvernement qui vient de quitter le pouvoir le 14 mai dernier est responsable de la vassalisation de toutes les institutions nationales et de la perpétuation de l'occupation. Sans la présence des forces multinationales, l'ancien président René Preval n'aurait pu terminer son mandat. Aussi, il a accepté sans considération aucune toutes les dictées de l'international en échange de pouvoir conserver le pouvoir après la fin de son mandat, en devenant premier ministre à la manière de Vladimir Putine en Russie et, en plaçant Jude Célestin, son beau-fils, au palais comme président. L’ironie, c'est que l'ancien président n'était pas suffisamment de droite. Aussi, l'international lui a préféré Michel Martelly au détriment du candidat du président sortant.
L'accession de Martelly au pouvoir est un paradoxe. Arrivé en 3e position après les premiers résultats préliminaires du CEP, le candidat de Repons peyizan bénéficiait de l’intervention de l'ambassadeur américain et des instances internationales qui ont contraint publiquement l'institution électorale à revoir sa copie pour parachuter Martelly au second tour. De mémoire d'analyste politique, je n'ai jamais vu un comportement aussi vulgaire et brutal. Le président actuel a toujours été le valet de la bourgeoisie haïtienne, d'ailleurs il s'en est toujours enorgueilli. Donc, sa prise de pouvoir marque le retour brutal de la réaction aux affaires, cette fois-ci sans intermédiaire. Son premier acte majeur officiel a été la désignation d'un premier ministre. Comme on s'y attendait, il a fait choix d'un commerçant pour diriger le gouvernement, en la personne de Daniel Gérard Rouzier. Comme Martelly, M. Rouzier fut un grand artisan des deux derniers coup d'état dont ont été victime Jean B. Aristide et le peuple haïtien. Voilà qu’aujourd'hui on le présente comme un légaliste et un démocrate convaincu, quelle ironie!
M. Rouzier se veut un modernisateur qui a réussi dans le business, c'est à dire un grand bourgeois. Cependant, E-power, une petite compagnie d'électricité dotée de 30 mégawatt, créée par le premier ministre désigné au coût de 57 millions de dollars respecte la logique traditionnelle en mettant sa production électrique au service de la « république de Port-au-Prince ». Ne pouvait il pas créer une plus grande compagnie, lorsqu'on considère qu'un bourgeois comme Gilbert Bigio est à la tête d'un empire de plus d'un milliard de dollars à lui seul ? Des amis étrangers éprouvent toujours beaucoup de difficultés à comprendre la logique minimaliste qui anime les élites haïtiennes. Comment est-ce qu’un pays qui s'est imposé à la face du monde comme « mère de toute liberté » a pu produire tant de minimalistes ? Donc, la décentralisation d'Haïti n'est pas pour demain. Transférer le pouvoir politique à la bourgeoisie haïtienne est une aberration dans un pays où la classe dominante a échoué lamentablement. Haïti est un pays d'importation qui dépense plus de 2.727 milliards de dollars américains annuellement pour l'achat de toutes sortes de biens à l'étranger pour la consommation locale. Parallèlement, le pays exporte à l'extérieur pour une bagatelle de 530.2 millions de dollars l'an.
D'après ce qu'on écrit, « Haïti est une économie de libre marché», donc capitaliste, et il est aussi normal qu'une poignée d'individus s'approprie légalement des richesses du pays. Pour créer ces richesses, les bourgeois ont besoin d'une force de travail qualitative et quantitative. Cela permet à des milliers d'hommes et de femmes de trouver un emploi, d’ailleurs précaire, afin de subvenir maigrement aux besoins de leurs familles : c’est là le seul «avantage» pour les masses. Les richesses d'Haïti sont confisquées par une poignée ne dépassant pas 20 familles, et le taux de chômage touche plus de la moitié de la population. Donc, la classe dominante haïtienne ignore tout de sa mission historique de créer des emplois. Pour la récompenser l'international et l'oligarchie ont décidé de remettre le pouvoir à ses représentants, en la personne de Gérard Rouzier, pour perpétuer davantage le pillage du pays et la paupérisation des masses.
Dans l’esprit de l'international et de la droite, la stratégie la plus compatible avec leur visées consiste à remettre le pays aux commerçants, surtout avec l'échec constaté de la classe moyenne au pouvoir depuis 1946. Cette nouvelle réalité va propulser les éléments de la classe intermédiaire, exclusivement noire, au bord de l'explosion. Le secteur public qui absorbe une grande majorité d'entre eux n'offre plus de sécurité. Sous prétexte de corruption qui a toujours marqué l'administration publique haïtienne et les pressions du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement va procéder à des révocations massives dans ce secteur. Donc, l'observateur lucide s'attend à un effet de boomerang. Une classe moyenne non-satisfaite, alliée à une masse de pauvres en guenille constitue une équation explosive qui, historiquement a toujours conduit à des changements en profondeur au sein de la société. On s'attend à une radicalisation des revendications populaires contre la gestion des riches. Pour freiner le mouvement, le gouvernement va procéder comme d'habitude à la répression sauvage des mouvements sociaux, déjà l'un des proches de Martelly s'organise dans ce sens.
D' après des informations dignes de foi qui circulent à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, le bras-droit de Martelly, Roro Nelson, croit qu'il est impossible de diriger Haïti sans avoir recours à une Milice. Pour cela, il est déjà en contact avec les dirigeants de différentes « bases »( groupes criminels) opérant à la capitale en vue de les coopter et de les domestiquer dans le cadre d'un projet de sécurité nationale. Le président lui-même n'a jamais caché son animosité à l'endroit des groupes sociaux et militants de gauche dans le pays. Ses ramifications avec l’extrême-droite pendant la période terrible du premier coup d'état de 1991 sont documentées. Participant à toutes les manifestations de soutien du groupe paramilitaire FRAPPH, il a été d'un grand support aux putschistes militaires en animant les rues avec de la musique et des slogans incendiaires contre le peuple qu'on massacrait. D'après le prêtre progressiste assassiné en 1994, Jean-Marie Vincent, Martelly patrouillait les rues avec les militaires au cours de la nuit à la recherche de militants Lavalas cachés. Il représente la droite brutale dans toute sa laideur. De toute évidence, les riches sont au pouvoir pour de bon!
Joël Léon
L'accession de Michel Martelly à la présidence met fin à l'illusion nationale et progressiste des années 90, la brève période où le peuple qui chassa la dynastie duvaliérienne du pouvoir en 1986, jouait son rôle historique de faiseur d'histoire en plaçant triomphalement au pouvoir Jean Bertrand Aristide, le prêtre des pauvres. L'expérience n'a duré que sept mois. Le vautour du nord, dans sa gloutonnerie coutumière avait en effet fait appel à ses sbires armés en uniforme. Le résultat fut catastrophique sur le plan humain : plus de 5000 cadavres en trois ans de répression sauvage et des milliers de déplacés, prisonniers, torturés...sans mentionner l'exode massif des cadres techniques et politiques vers les cieux plus cléments des États-Unis d'Amérique et du Canada. Le « retour à la démocratie » organisé en octobre 1994, sous le manteau des Nations Unies, en réalité des Américains, avait été totalement piégé. Le président (légitime) ramené dans les fourgons de l’armée américaine avait les mains et pieds liés; visiblement l'international était aux commandes. Les bourgeois haïtiens gagnèrent encore. Ceux-là qui complotèrent à hauteur de plus de 30 millions de dollars pour la perpétuation et l'exécution du coup d'état de 1991, reçurent des primes pour leurs forfaits. L'USAID avait loué la résidence du leader putschiste, Raoul Cedras, pour la somme de 120.000 dollars américains par an. Aujourd'hui encore, M. Cedras perçoit cet argent après qu'il eut été déclaré « combattant de la liberté » par l'ancien président américain Jimmy Carter en 1997.
Les bourgeois de souche européenne et arabe qui maintiennent les descendants d'esclaves haïtiens dans une crasse insupportable tout en vivant dans un luxe insolent, ont ouvertement repris du service en Haïti le 14 mai dernier, pour prendre leur ultime revanche. Haïti est parmi les rares pays capitalistes, si ce n'est pas le seul, où les composantes de la classe dominante sont viscéralement contre tout processus de production massive de biens au profit de l'importation à outrance et combat toute tentative de fiscalisation et de réglementation de leurs activités « commerciales ». Les riches ne paient pas en Haïti, ils ne créent pas de jobs non plus ; par contre ils complotent en permanence contre toute expression de changement dans le pays. Ce comportement a conduit le peuple haïtien à vivre dans la honte de deux invasions militaires, suivies d'occupation, en une seule décennie.
Le dernier coup d’Etat et coup de massue à la volonté populaire a eu lieu en février 2004, l'année même marquant le bicentenaire de l'indépendance nationale. La mafia internationale s’empressa de placer ses pions au pouvoir, des hommes tels que: Gérard Latortue, René Préval et aujourd'hui Michel Martelly. D'où vient ce dernier?
Certains observateurs étrangers, dans leurs interventions, parlent d'un «phénomène Martelly». Il n'y a pas un phénomène politique Martelly en Haïti. Les chiffres ne plaident nullement pour un soi-disant homme extraordinaire. D'ailleurs, le fait d’avoir été élu président avec une infime minorité de la population, soit «15.23% de l'électorat», renvoie à la subconscience le réflexe d' un «petit chef d'état». Les conditions dans lesquelles ces élections ont été organisées sont du reste considérées comme une catastrophe. Sur le plan logistique, quoiqu’ayant eu près de 40 millions de dollars à sa disposition, le conseil électoral provisoire (CEP) a battu tous les records de brigandage aux urnes dans les annales électorales en Haïti, y compris durant l'époque des baïonnettes au 19e siècle. Sur le plan politique, balayant la principale force politique du pays, « Fanmi Lavalas», par des moyens illégaux et honteux, ces élections restent et demeurent une méprisable mascarade. Par-dessus le marché, l'arrogance de l'international à dicter sa loi expose à nu le scandale d'un plan anti-Haïti.
L'accession de Michel Martelly à la présidence est plutôt le résultat du cynisme singulier de l'international dans ses acrobaties agressives à contrôler l'espace haïtien. Les néo-colons des États-Unis, de la France, du Canada et du Brésil ont tout fait pour préparer la voie à l'émergence de la droite, peu importe l'homme, y compris l'insolent Michel Martelly, crédité de seulement «15.23% de l'électorat». Par contre, il y a des raisons normatives permettant d'expliquer cette marche-arrière politique d'Haïti.
En premier lieu, c’est l'incohérence flagrante d'une «classe politique» vieillie et fatiguée, d'ailleurs sans projets et enfermée dans une logique stérile de conquête du « pouvoir pour le pouvoir » engendre sa faiblesse et la fait sombrer trop souvent dans la pratique des volte-face (flip-flop). Depuis 2004, ceux qui font de la politique en Haïti abandonné leur raison d'être pour s'aligner totalement sur l'international. Ce qui a étrangement conduit à une uniformité répugnante chez les hommes politiques autour d'un soi-disant «idéal républicain», en chute libre partout dans le monde. Historiquement, il a toujours existé dans le pays un camp national où des gens vivaient encore mûs par l'idéal dessalinien. De nos jours ils sont ridiculisés partout, à l'étranger comme en Haïti. Cette référence indigène qui a toujours préservé l'âme nationale des assauts du «blanc» est en situation difficile et frise même la disparition.
Il y a aussi l'infantilisme idéologique et politique du secteur se réclamant du «camp progressiste», qui depuis 1986 s'autodétruit en commettant des bévues indignes du militantisme populaire. Mentionnons d'abord le fonctionnement anti-démocratique des cadres politiques de ce secteur, consistant à individualiser les décisions politiques ; comportement dû à un manque de pratiques démocratiques au sein des organisations et l'absence de toute expérience à partir des tâches pratiques. Le militant progressiste perçoit le camarade dirigeant comme un adversaire, parce qu'il n'a jamais reçu au sein d'une organisation l'éducation nécessaire relative à l'importance d'une culture de discipline et de respect vis-à-vis des dirigeants organisationnels. Le cadre politique, jamais intégré dans aucune structure digne de ce nom, se positionne en fonction de ses intérêts et rêves personnels dépourvus d'essence populaire et patriotique, l’éloignant ainsi davantage des vrais militants. Cet état de choses a conduit partiellement à l'échec des expériences de 1991 et de 2004. Le pouvoir n'était pas conçu comme une expérience politique en mutation, pour la première fois entre les mains des masses. Au contraire, il était perçu comme une pratique gouvernementale traditionnelle où les luttes d'influence ont noyé l'aspect fondamental du processus en cours qu'étaient la consolidation du pouvoir et les revendications fondamentales des masses. L'ivresse du pouvoir conduisit à des luttes politiques intestines qui dépassèrent largement, au moins dans sa férocité verbale, l'hostilité à l'endroit des adversaires politiques de droite qui allaient assassiner, faire disparaître et emprisonner sous la torture des milliers de militants en 1991 et en 2004.
Le gouvernement qui vient de quitter le pouvoir le 14 mai dernier est responsable de la vassalisation de toutes les institutions nationales et de la perpétuation de l'occupation. Sans la présence des forces multinationales, l'ancien président René Preval n'aurait pu terminer son mandat. Aussi, il a accepté sans considération aucune toutes les dictées de l'international en échange de pouvoir conserver le pouvoir après la fin de son mandat, en devenant premier ministre à la manière de Vladimir Putine en Russie et, en plaçant Jude Célestin, son beau-fils, au palais comme président. L’ironie, c'est que l'ancien président n'était pas suffisamment de droite. Aussi, l'international lui a préféré Michel Martelly au détriment du candidat du président sortant.
L'accession de Martelly au pouvoir est un paradoxe. Arrivé en 3e position après les premiers résultats préliminaires du CEP, le candidat de Repons peyizan bénéficiait de l’intervention de l'ambassadeur américain et des instances internationales qui ont contraint publiquement l'institution électorale à revoir sa copie pour parachuter Martelly au second tour. De mémoire d'analyste politique, je n'ai jamais vu un comportement aussi vulgaire et brutal. Le président actuel a toujours été le valet de la bourgeoisie haïtienne, d'ailleurs il s'en est toujours enorgueilli. Donc, sa prise de pouvoir marque le retour brutal de la réaction aux affaires, cette fois-ci sans intermédiaire. Son premier acte majeur officiel a été la désignation d'un premier ministre. Comme on s'y attendait, il a fait choix d'un commerçant pour diriger le gouvernement, en la personne de Daniel Gérard Rouzier. Comme Martelly, M. Rouzier fut un grand artisan des deux derniers coup d'état dont ont été victime Jean B. Aristide et le peuple haïtien. Voilà qu’aujourd'hui on le présente comme un légaliste et un démocrate convaincu, quelle ironie!
M. Rouzier se veut un modernisateur qui a réussi dans le business, c'est à dire un grand bourgeois. Cependant, E-power, une petite compagnie d'électricité dotée de 30 mégawatt, créée par le premier ministre désigné au coût de 57 millions de dollars respecte la logique traditionnelle en mettant sa production électrique au service de la « république de Port-au-Prince ». Ne pouvait il pas créer une plus grande compagnie, lorsqu'on considère qu'un bourgeois comme Gilbert Bigio est à la tête d'un empire de plus d'un milliard de dollars à lui seul ? Des amis étrangers éprouvent toujours beaucoup de difficultés à comprendre la logique minimaliste qui anime les élites haïtiennes. Comment est-ce qu’un pays qui s'est imposé à la face du monde comme « mère de toute liberté » a pu produire tant de minimalistes ? Donc, la décentralisation d'Haïti n'est pas pour demain. Transférer le pouvoir politique à la bourgeoisie haïtienne est une aberration dans un pays où la classe dominante a échoué lamentablement. Haïti est un pays d'importation qui dépense plus de 2.727 milliards de dollars américains annuellement pour l'achat de toutes sortes de biens à l'étranger pour la consommation locale. Parallèlement, le pays exporte à l'extérieur pour une bagatelle de 530.2 millions de dollars l'an.
D'après ce qu'on écrit, « Haïti est une économie de libre marché», donc capitaliste, et il est aussi normal qu'une poignée d'individus s'approprie légalement des richesses du pays. Pour créer ces richesses, les bourgeois ont besoin d'une force de travail qualitative et quantitative. Cela permet à des milliers d'hommes et de femmes de trouver un emploi, d’ailleurs précaire, afin de subvenir maigrement aux besoins de leurs familles : c’est là le seul «avantage» pour les masses. Les richesses d'Haïti sont confisquées par une poignée ne dépassant pas 20 familles, et le taux de chômage touche plus de la moitié de la population. Donc, la classe dominante haïtienne ignore tout de sa mission historique de créer des emplois. Pour la récompenser l'international et l'oligarchie ont décidé de remettre le pouvoir à ses représentants, en la personne de Gérard Rouzier, pour perpétuer davantage le pillage du pays et la paupérisation des masses.
Dans l’esprit de l'international et de la droite, la stratégie la plus compatible avec leur visées consiste à remettre le pays aux commerçants, surtout avec l'échec constaté de la classe moyenne au pouvoir depuis 1946. Cette nouvelle réalité va propulser les éléments de la classe intermédiaire, exclusivement noire, au bord de l'explosion. Le secteur public qui absorbe une grande majorité d'entre eux n'offre plus de sécurité. Sous prétexte de corruption qui a toujours marqué l'administration publique haïtienne et les pressions du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement va procéder à des révocations massives dans ce secteur. Donc, l'observateur lucide s'attend à un effet de boomerang. Une classe moyenne non-satisfaite, alliée à une masse de pauvres en guenille constitue une équation explosive qui, historiquement a toujours conduit à des changements en profondeur au sein de la société. On s'attend à une radicalisation des revendications populaires contre la gestion des riches. Pour freiner le mouvement, le gouvernement va procéder comme d'habitude à la répression sauvage des mouvements sociaux, déjà l'un des proches de Martelly s'organise dans ce sens.
D' après des informations dignes de foi qui circulent à Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, le bras-droit de Martelly, Roro Nelson, croit qu'il est impossible de diriger Haïti sans avoir recours à une Milice. Pour cela, il est déjà en contact avec les dirigeants de différentes « bases »( groupes criminels) opérant à la capitale en vue de les coopter et de les domestiquer dans le cadre d'un projet de sécurité nationale. Le président lui-même n'a jamais caché son animosité à l'endroit des groupes sociaux et militants de gauche dans le pays. Ses ramifications avec l’extrême-droite pendant la période terrible du premier coup d'état de 1991 sont documentées. Participant à toutes les manifestations de soutien du groupe paramilitaire FRAPPH, il a été d'un grand support aux putschistes militaires en animant les rues avec de la musique et des slogans incendiaires contre le peuple qu'on massacrait. D'après le prêtre progressiste assassiné en 1994, Jean-Marie Vincent, Martelly patrouillait les rues avec les militaires au cours de la nuit à la recherche de militants Lavalas cachés. Il représente la droite brutale dans toute sa laideur. De toute évidence, les riches sont au pouvoir pour de bon!
Joël Léon
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