Article paru sous le titre : Rudd veut agir sur les allégations de torture sur des enfants palestiniens
John Lyons - The Australian
L’Australie va exprimer ses préoccupations auprès d’Israël concernant son système judiciaire militaire pour mineurs, qui est accusé d’emprisonner et de torturer des enfants aussi jeunes que 12 ans. Suite à un article paru dans The Weekend Australian Magazine il y a trois semaines, le ministre des Affaires étrangères d’Australie, Mr Kevin Rudd, a donné pour instructions aux diplomates australiens d’aller visiter les tribunaux militaires pour mineurs (en Israël).
Les diplomates ont été invités notamment à faire connaître à Mr Rudd les conditions qu’ils avaient trouvées à la prison militaire d’Ofer, près de Jérusalem.Selon une déclaration du cabinet de Mr Rudd, celui-ci a également demandé aux fonctionnaires australiens d’organiser des rencontres avec les autorités israéliennes pour leur notifier leurs préoccupations à propos du système en vertu duquel les mineurs palestiniens sont jugés.Soixante éminents psychologues, universitaires et pédiatres d’Israël ont écrit à leur Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lui disant que « la vague d’arrestations et d’enquêtes qui ne tiennent aucun compte de la loi ne sert pas à maintenir l’ordre public et la sécurité ».
The Weekend Australian Magazine donne des exemples de ces allégations :
* un garçon gardé à l’isolement pendant 65 jours ;
* d’autres garçons à l’isolement sous une lumière 24 h sur 24 ;
* un garçon de 7 ans, de Jérusalem, emmené pour interrogatoire où il dit avoir été frappé pendant qu’on l’interrogeait ;
* trois enfants ont subi des décharges d’électricité à l’aide d’appareils portatifs pour les obliger à faire des aveux ;
* de la nourriture pour chiens a été mise sur la tête et près des parties génitales d’un garçon qui avait les yeux bandés et on a fait venir un chien pour qu’il la mange, sous les rires de son interrogateur.
Le magazine signale aussi que, depuis janvier 2007, DCI (Défense de l’enfance/Internationale) a recueilli et traduit en anglais 385 déclarations sous serment de mineurs palestiniens gardés en détention par Israël et qui affirment avoir subi de graves sévices :
* chocs par l’électricité ;
* coups ;
* menaces de viol ;
* mise à nu ;
* isolement,
* menaces d’annuler les permis de travail de leurs familles, et * le « supplice de la position », qui consiste à placer un enfant sur une chaise, à lui enchaîner les pieds et lui attacher les mains dans le dos, et à le laisser comme cela quelquefois pendant des heures.
Un garçon de 10 ans témoigne : « Un soldat a pointé son fusil sur moi. Le canon du fusil était à quelques centimètres de ma figure. J’étais terrifié au point que je me suis mis à trembler. Il s’est moqué de moi et m’a dit :
Un garçon de 15 ans témoigne d’avoir été attaché à un tuyau métallique et frappé par un soldat, et qu’un interrogateur a mis un appareil contre son corps et lui a envoyé une décharge d’électricité en disant :
Le garçon affirme que l’interrogateur lui donné un autre choc électrique, au point qu’il ne sentait plus ses bras et ses jambes, qu’il avait mal dans la tête, et qu’il a avoué.
Gerard Horton, avocat australien qui traite de nombreux dossiers dans sa fonction à DCI, dit que l’un des interrogateurs israéliens, à l’œuvre dans la colonie Gush Etzion, est « spécialisé dans les menaces de viol des enfants » pour l’obtention d’aveux.
Une femme est engagée dans le programme de l’YMCA (Young Men’s Christian Association - Association chrétienne des jeunes gens) pour la réhabilitation des enfants qui ont été soumis à la détention israélienne, Fadia Saleh, a révélé au magazine The Australian dans le cadre de son enquête : « La semaine dernière, un garçon m’a décrit comment des chiens se trouvaient dans la jeep de l’armée. Dans ces jeeps, vous avez des sièges de chaque côté et un espace vide au milieu ; les enfants placés là, sur le plancher. Parfois, les soldats marchent sur eux.
« A chaque fois que l’enfant bougeait, l’un des chiens le mordait. Quand il est arrivé au centre d’interrogatoires, il avait l’un de ses bras en sang. Le déplacement avait été court, mais lui avait l’impression qu’il avait duré un an ».
The Weekend Australian Magazine rapporte que, si des missions diplomatiques et parlementaires de nombreux pays ont visité les tribunaux pour enfants, les diplomates australiens n’ont paru manifester aucun intérêt évident pour le tribunal.
Pour Maître Horton de DCI, l’Australie est restée « étonnamment silencieuse » face aux violations alléguées des droits humains des enfants palestiniens.
Il a déclaré au magazine : « Il est décevant que, parmi toutes les missions diplomatiques dans la région, l’Australie a brillé par son silence sur la question des tribunaux militaires ».
L’ambassadrice d’Australie en Israël, Andrea Faulkner, a évoqué les traitements sur les enfants, il y a plus d’un an.
Bien qu’au courant de la question, ni Mme Faulkner ni aucun autre représentant australien n’ont visité les tribunaux.
The Weekend Australien Magazine a eu un accès, rare pour un journal, au tribunal - il a été autorisé à le visiter à trois occasions différentes au cours de l’année dernière, avec les FDI (Forces de défense israéliennes), dans le cadre de cette enquête.
Cette semaine, un fonctionnaire australien a entamé des réunions sur le sujet en préparation de la visite d’un tribunal pour mineurs par des diplomates australiens.
La plupart des enfants traduits devant les tribunaux militaires sont accusés d’avoir jeté des pierres et condamnés à des peines de prison allant de deux semaines à 10 mois.
D’après les FDI, il y a eu au moins 2766 incidents de jets de pierres contre elles ou sur des voitures qui circulaient, cette année.
La police israélienne a parlé d’un accident en septembre dans lequel un homme et son enfant ont été tués par ce qui pourrait avoir été provoqué par une pierre lancée sur leur voiture.
Les autorités en Israël ne veulent pas discuter des cas individuels d’enfants, mais selon le porte-parole des Affaires étrangères, Yigal Palmor, « beaucoup de choses » doivent être améliorées et Israël travaille avec des organisations des droits de l’homme mais les « réformes et améliorations sont lentes ».
Le traitement des enfants palestiniens en Cisjordanie sous l’occupation militaire israélienne contraste avec celui des enfants en Israël :
* en Israël, un enfant ne peut être envoyé en prison avant l’âge de 14 ans, alors que les enfants palestiniens y vont à partir de 12 ans ;
* en Israël, un enfant ne peut être envoyé en prison avant l’âge de 14 ans, alors que les enfants palestiniens y vont à partir de 12 ans ;
* en Israël, un enfant ne peut être soumis à interrogatoire sans la présence d’un parent ;
* en Israël, un enfant ne peut être interrogé la nuit, alors que la plupart des enfants palestiniens sont enlevés dans leurs maisons et mis en détention entre minuit et 5 h du matin ;
* en Israël, la durée maximum de détention sans accès à un avocat est de 48 h, alors qu’en Cisjordanie, elle est de... 90 jours.
Ces derniers temps, les tribunaux militaires ont été visités par des délégations de diplomates ou parlementaires du Royaume-Uni, des États-Unis, de l’Union européenne, des Pays-Bas, de France, d’Espagne, de Belgique, d’Allemagne, d’Irlande, de Norvège, de Chypre et des Nations-Unies.
Maître Horton affirme que dans la plupart des cas, DCI exige des déclarations sous serment avant de prendre le dossier en charge.
Il a indiqué au magazine quel était le traitement courant pour beaucoup des enfants : « Une fois attaché et les yeux bandés, l’enfant est conduit à un véhicule militaire qui attend, et dans un tiers des cas, il sera jeté sur le plancher métallique pendant son transfert dans un centre d’interrogatoires.
« Parfois, les enfants sont maintenus le visage plaqué sur le plancher par des soldats qui mettent leurs bottes sur sa nuque, et les enfants sont menottés, parfois avec des menottes en plastique qui leur coupent les poignets. Beaucoup d’enfants arrivent aux centres d’interrogatoires contusionnés et meurtris, manquant de sommeils et apeurés. »
Maître Horton affirme que tout l’intérêt (pour Israël) d’un tel traitement est d’amener les enfants à faire des aveux, aussi vite que possible.
Dans un cas, bien que l’enfant eût insisté en disant que l’aveu qu’il avait signé était faux, qu’il l’avait signé seulement sous la pression, malgré cela, cet aveu a été utilisé pour le condamner.
Une porte-parole de Mr Rudd fait savoir que, lors de la dernière comparution d’Israël devant le Groupe de travail sur l’Examen périodique universel, l’Australie avait interrogé Israël sur les sévices rapportés par des détenus.
Elle indique que le gouvernement (australien) est contre la détention des mineurs.
« L’opinion du gouvernement australien depuis longtemps est que tout enfant, indépendamment de son ethnie, de sa religion, de son sexe et de quelque différence que ce soit, doit bénéficier des mêmes protections légales et des droits humains » dit-elle.
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