Les fêtes patronales de Trou du Nord et de Terrier-Rouge se sont soldées par plusieurs cas de kidnapping. Des citoyens ont été enlevés par des bandits liés à la Bande de Willy Etienne. Un réseau qui sème le deuil et la tristesse dans le Nord depuis environ 4 ans et met à nu l'incapacité de la Police Nationale d'Haïti. La bande de Willy Etienne, ce kidnappeur évadé de prison depuis plus de 2 ans, est maitre du terrain dans le Nord. Elle s'installe autour des sites touristes comme Labadee, Acul du Nord, Milot, La Citadelle, le Parc National historique, le long de la route Cap-Ouanaminthe et sur la frontière haitiano-dominicaine. En une semaine, 5 cas de kidnapping ont été enregistrés dans la seule ville de Ouanaminthe. Dans le nord, le cas le plus médiatisé est celui du député Hugues Célestin enlevé dans la localité de Quartier-Morin dans la nuit du 27 juin 2010 vers 11 heures du soir.
La continuité des enlèvements par le gang de Willy Etienne est un défi majeur pour la police et le gouvernement en place. Selon les témoignages de plusieurs victimes, les bandits circulent sans difficultés. Ils traversent la ville du Cap-Haitien, pour aller au Bel-Air ou dans la Bande du Nord dans des abris de fortune, où elles sont gardées jusqu'à la remise de la rançon. Le lieu de détention des victimes est situé à moins de 4 kilomètre de Labadee, la station balnéaire de la Royal Caribbean, où plus de 7,000 touristes, en majorité des occidentaux, sont accueillis presque tous les jours.
Le commandement de la police dans le nord semble avoir choisi de mener une politique de non agression et de cohabitation pacifique avec les bandits. Les observateurs gardent encore en mémoire les déclarations fantaisistes du Directeur Général de la Police Nationale d'Haïti Mario Andrésol, du Ministre de la justice Magloire, du Secrétaire d'Etat à la Sécurité publique Luc Eucher Joseph, du Commissaire Fritz Jean, du Sénateur Kelly C. Bastien qui a l'unanimité avaient promis de fournir les moyens nécessaires aux commissariats de police de la région pour qu'ils puissent mettre un terme à cette situation en procédant à l'arrestation de Willy Etienne et au démantèlement de sa bande.
Au contraire la police est devenue de plus en plus faible. Elle se contente de quelques opérations sporadiques sans suite pour endormir l'opinion publique. De plus, une situation de tension existe entre le Directeur Départemental Joiny Canéus et une grande majorité de ses troupes qui lui reproche de se livrer plus à des manœuvres politiciennes visant à protéger les politiciens, leurs gangs et leurs hommes de main au lieu d'appliquer la loi et de faire régner l'ordre. L'incapacité du Directeur Départemental à procéder aux arrestations du CASEC de la Bande du Nord Gracius Laguerre, recherché pour meurtre, est une preuve qui renforce l'opinion des policiers critiques. Le Maire assesseur Fritz Joseph a empêché au Directeur de la police d'emmener le fugitif, il a pu s'engager sur la piste de l'Aéroport du Cap-Haitien avec un voiture Toyota 4x4 dans le but d'aider le présumé criminel à prendre la poudre d'escampette. Un événement humiliant pour les policiers qui n'ont pas caché leur mécontentement. Ils en ont profité pour rapporter que des bandits sont souvent libérés sur ordre du Directeur Départemental. Des violeurs et d'autres criminels arrêtés en possession d'armes à feu sont souvent relâchés sur l'ordre du Directeur Départemental de la Police après l'intervention de leaders politiques ou des parlementaires.
Malgré les beaux discours du Ministre du Tourisme et les projections de son « Plan touristique architectural », la réalité saute aux yeux.
Avec la centralisation des ressources policières dans la capitale, le découragement des agents de police, et l'abandon du Nord à des hommes comme Moise Jean Charles, Nawoon Marcellus, Michel Saint-Croix et ses assesseurs, tous des leaders incapables de gérer leurs cellules de militants armés, pauvres, prédisposés au banditisme et assurés de l'impunité des autorités. Les neuf (6) kidnappeurs arrêtés en mai 2010, dans le quartier de Cerca, à l'entrée de Milot, sont tous des partisans de Moise Jean-Charles.
Une situation semblable à l'histoire du roman « Le sicilien » se produit dans le Nord. Après environ 4 ans, ce qui était une bande de voleurs est devenu une vraie organisation criminelle, une armée clandestine de bandits expérimentés, au point de constituer une menace sur la sécurité des sites touristiques du Nord d'Haïti.
Le groupe de Willy Etienne a pris du poids : il organise des évasions dans la prison civile de la ville, il infiltre la police, paralyse la SDPJ (Service Départemental de Police Judiciaire), menace des juges, établit un réseau de renseignements et de contrôle de son espace opérationnel, fournit des motocyclettes à des jeunes, donc fait de plus en plus de disciples et de supporteurs actifs et passifs.
En 2008, ce gang a kidnappé le chauffeur de « Cormier Plage » sur la route de Labadee. A l'entrée Sud de la ville, plusieurs médecins et des professionnels ont été enlevés. A l'Acul du Nord, sur la route de Milot, sur la route d'Ouanaminthe, à Quartier-Morin, non loin de Limonade et le long de la frontière le gang de Willy Etienne opère sans difficulté.
Le petit voleur de grand chemin a mis au point une armée de bandits qui défie tout le monde dans le Nord et le Nord-est. Il devient un homme important ayant des ramifications et des relations dans des milieux qu'on ne pourrait imaginer. En 2008, des policiers de la SDPJ ont été emprisonnés pour leur lien avec le gang. Récemment, Danley Jean-Louis, l'ex-responsable de la SDPJ est condamné à une peine de 5 ans de prison. Dieuveil Guillaume, son assistant, recherché par la police, s'est réfugié aux Etats-Unis pour les mêmes causes.
Telle est la situation du Nord en 2010. Labadee, Milot, Acul du Nord, La Citadelle, la route de Ouanaminthe, toutes les infrastructures porteuses en termes de développement économique sont assiégées par des hommes de Willy Etienne.
Alors que tout le monde est au courant des faits et gestes du Chef de Gang, la Police Nationale d'Haïti fait semblant de ne rien savoir du bandit. Conséquence de la stratégie centralisatrice du Directeur Général de la Police Mario Andrésol, le nord est en train de sombrer dans l'insécurité généralisée. Willy Etienne est ainsi Maitre du Département. Il est sur le point de disposer de plus de soldats que le DGPNH. Des soldats payés en dollars américains, libérés des prohibitions de la loi et de la morale.
Le Ministre du Tourisme Patrick Delatour peut continuer à présenter son « plan architectural » de développement du tourisme dans le Nord, cependant, dans les faits, il n'y a rien en termes de mobilisation sociale et sécuritaire pour changer la réalité.
On ne peut s'empêcher de poser la question suivante : Et si ayant pris conscience de la force de son armée clandestine de bandits, de son génie, et de la faiblesse des forces de sécurité en place, Willy Etienne décidait de fournir un service payé aux groupes terroristes internationaux? L'attentat terroriste de Bali en Indonésie devrait servir d'exemple pour aider les autorités haïtiennes à comprendre qu'on ne joue avec la sécurité dans une région où une station balnéaire reçoit de milliers de touristes occidentaux, spécifiquement des citoyens américains. Accepter qu'une armée de kidnappeurs puisse imposer sa loi de la frontière haïtiano-dominicaine jusqu'au voisinage d'une station balnéaire internationale est un fait qui prouve que les responsables ne comprennent rien en matière de sécurité publique.
RESEAU CITADELLE
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire