Dans un pays où la population haïtienne cuisine quasi exclusivement en se servant de charbon de bois, remplacer ce mode de combustion par du méthane, où la déforestation massive dû à l’utilisation de ce combustible traditionnel, atteint 98% du territoire est un véritable défi.
L'idée n’est pas nouvelle et a déjà fait ses preuves en Chine et en Amérique centrale mais commence juste à être développée en Haïti : il s’agit de produire du gaz méthane servant à la cuisine, en recyclant les excréments humains. Appelée « biodigesteur », cette invention requiert peu d'infrastructures : des toilettes, sèches ou non, raccordées à un puit hermétique fait de briques, lui-même relié à un bassin. Sans air, les bactéries contenues dans les déchets humains décomposent naturellement 85% de ceux-ci, en produisant du gaz méthane, explique l’hydrologue Martin Wartchow qui travaille pour l’ONG brésilienne Viva Rio « Les 15% restants de déchets organiques sont rejetés avec de l'eau dans une zone végétale où ils seront dégradés [...] l'eau recueillie est totalement propre [...] On peu même élever des poissons dedans » précise l’hydrologue.
« Les Nations unies ont payée de nombreuses d’études pour trouver des solutions pour remplacer le charbon de bois, alors qu’il suffisait d'aller voir au Nicaragua ou en Chine » commente avec ironie Martin Wartchow qui rappelle que « 70.000 biodigesteurs ont été construits en Amérique centrale... et mille fois plus en Chine ! »
En Haïti, seulement 70 biodigesteurs ont été construits par Viva Rio et autant de projets sont en cours de réalisation. Mais une fois construit, tout n'est pas gagné, comme le montre l'exemple du camp de Santos 17, en banlieue de Port-au-Prince où des biodigesteurs ont été installés en février dernier aux côtés des nouveaux abris transitoires. Une sinistrée désignant un réchaud au méthane installé dans son abri avoue ne pas très bien comprendre l’utilité de « la chose » d’autant comme elle le déclare « moi je cuisine avec du charbon...»
Pour que ce projet soit un succès en Haïti, il faudra bien plus que du méthane, il faudra simultanément éduquer la population et la conscientiser au respect de l’environnement, pour qu’elle abandonne le charbon de bois traditionnel au profit d’un gaz bon marché et inépuisable.
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