dimanche 24 avril 2011

La Grèce durcit sa cure d'austérité




Le gouvernement grec a annoncé 23 milliards d’économies supplémentaires entre 2012 et 2015 alors que le niveau de sa dette publique continue d’affoler les investisseurs

« Je suis totalement déterminé à avancer, et totalement convaincu que nous réussirons. » Le message, vendredi 15 avril, du premier ministre grec, Georges Papandréou, s’adresse autant à la population du pays qu’aux marchés financiers, où la pression sur la Grèce se fait toujours fortement sentir. Car les craintes d’une restructuration de la dette grecque sont loin, très loin d’être dissipées.

Comme pour donner plus de solennité à ses annonces, le gouvernement socialiste a présenté sa « feuille de route » pour sortir de la crise lors d’un conseil des ministres extraordinaire retransmis en direct à la télévision.

Le plan budgétaire pluriannuel vise à réaliser 23 milliards d’euros d’économies sur 2012-2015, à travers de nouvelles mesures d’austérité. Le détail sera dévoilé le 16 mai, mais la presse à Athènes évoque déjà de nouvelles coupes dans les dépenses sociales, une réorganisation du secteur public et des réductions accrues des effectifs de fonctionnaires (actuellement, une embauche est effectuée pour 5 départs en retraite), ainsi que de nouvelles hausses d’impôts.

Réduire les dépenses de l’État à environ 44 % du PIB

« De nouvelles mesures paraissaient inévitables, commente Jesus Castillo, chez Natixis, dans la mesure où l’aide financière internationale est conditionnée au respect des objectifs économiques et budgétaires fixés dans le plan de soutien. »

Or, l’office européen des statistiques Eurostat doit réviser à la hausse, le 26 avril, le déficit budgétaire grec pour 2010, de 9,6 % à une fourchette comprise entre 10 et 10,5 % du PIB. Avec l’intention gouvernementale de parvenir à 7,4 % d’ici à la fin de cette année, les efforts s’annoncent encore très douloureux pour la population. « C’est la seule voie qui s’ouvre au pays », a pourtant martelé Georges Papandréou.

L’objectif du programme, a précisé le dirigeant socialiste, est d’ici à 2015 de « réduire les dépenses de l’État à environ 44 % du PIB », dans la moyenne de la zone euro, contre 53 % du PIB en 2009, et « d’augmenter les rentrées (NDLR : fiscales) à environ 43 % du PIB, contre 38 % en 2009. » Ce qui ramènerait, selon lui, les dépenses publiques à leur niveau de 2003, et les recettes au niveau de 2000.

« Au-delà du détail des mesures, insiste Jesus Castillo, l’important pour les Grecs est de prouver leur capacité à les mener à bien, il en va de leur crédibilité. La réforme du système de recouvrement de l’impôt et du contrôle des dépenses est indispensable s’ils veulent régler leurs problèmes de fond. »

2011, dernière année de récession prévue

De fait, renchérit Thibault Mercier chez BNP Paribas, « l’exercice budgétaire 2010 a été décevant en matière de collecte fiscale. Et au premier trimestre de cette année, les revenus nets de l’État ont été inférieurs de 8 % à la même période l’an passé. »

La difficulté à recouvrir l’impôt, soulevée à plusieurs reprises par les bilans d’étape du Fonds monétaire international, demeure l’un des talons d’Achille du pays. Mais certains économistes font remarquer que l’insuffisance des recettes fiscales est aussi due au ralentissement de l’activité, à cause de l’austérité.

La Grèce, qui a accusé une récession de – 4,5 % l’an dernier, après – 6,5 % en 2009, devrait cette année afficher un PIB de – 3,5 %, dernière année dans le rouge. C’est ce que veut croire le gouvernement.

Un gouvernement qui compte aussi sur son programme de privatisations de 50 milliards d’euros pour remplir ses caisses. Il le doit, car la dette publique devrait représenter 152 % du PIB cette année.

La Grèce doit résoudre ses problèmes « en profondeur »

La Grèce résoudra « en profondeur » ses problèmes « non pas en restructurant la dette, mais en restructurant le pays », a opposé Georges Papandréou, pour couper court aux rumeurs persistantes sur le risque de faillite du pays qui serait, a-t-il averti, la voie « de l’isolement, de la faillite et de l’appauvrissement ».

Le ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, avait semé la confusion en déclarant au quotidien allemand Die Welt, jeudi 14 avril, qu’il faudrait, si le niveau de dette publique devenait insoutenable, prendre des mesures supplémentaires, sans préciser lesquelles.

Il avait toutefois exclu une restructuration de dette avant 2013, conformément à ce que prévoient les mécanismes européens. En attendant, les taux d’emprunt exigés à l’État grec ont encore atteint vendredi 15 avril de nouveaux records dépassent les 13,7 %.

Le lendemain, il déplora que ses propos avaient été « mal interprétés ». Mais un autre ministre allemand, Werner Hoyer, déclarait le même jour qu’une retruscturation « ne serait pas un désastre ».

Marie DANCER

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