La FFF qui tombe des nues, Pape Diouf qui met les pieds dans le plat, Chantal Jouanno qui demande des explications : l'affaire des quotas discriminatoires dans les centres de formation suscite un vif émoi.André Merelle, ancien directeur de l'INF Clairefontaine, met, lui, le feu aux poudres.
Le sujet est sensible, les réactions à fleur de peau. Aucun doute, Mediapart a lâché une bombe jeudi. Et ce qu'on peut déjà nommer "l'affaire des quotas" suscite un vif émoi au sein du football français. Les principaux concernés ont tiré les premiers pour tenter d'éteindre l'incendie. Après Philippe Tournon, chef de presse de l'équipe de France, et Fernand Duchaussoy, président de la FFF, c'est Henri Emile, actuel coordinateur des Bleus, qui s'est étonné des accusations de Mediapart : "Laurent Blanc et l’ensemble des membres de la DTN peuvent être choqués par des jeunes internationaux qui vont ensuite dans un pays étranger, mais il n’y a jamais eu de réflexion négative avec des quotas. C’est impensable."
Chacun à la FFF admet que le choix de nationalité de certains jeunes en centre de formation a suscité des questionnements informels mais personne ne confirme la mise en place officielle de quotas selon la couleur de peau : "J’apprends la nouvelle. On a eu des discussions mais elles portaient seulement sur la bi-nationalité de certains joueurs. Après, je ne savais qu’il y avait une directive qui existait", s'étonne ainsi Francis Smerecki, sélectionneur des U20, au micro de RMC.
Merelle : "Pas de quotas mais..."
Ancien directeur de l'INF Clairefontaine, Claude Dusseau joue la même partition sur les ondes de RTL : " A l'INF on n'a jamais parlé de ce genre de choses, même si quelques fois lors d'une réunion impromptue à table avec des collègues on pouvait parler de ça mais à aucun moment ça n'a été discuté de manière officielle dans une DTN enfin tant que j'ai été là et tant que j'ai assisté aux DTN." Selon Mediapart, c'est lors d'une réunion datant du 8 novembre 2010 qu'aurait été prise la décision concernant la mise en place des quotas. Responsable du centre de formation de Montpellier, Jean-François Domergue est directement concerné par cette affaire. L'ancien coach du MHSC affirme ne rien savoir :"Je suis très surpris. Il y a un mois, j'étais en stage à la Fédération Française de Football et je n'ai absolument rien entendu à ce sujet."
Seule voix dissonante, André Mérelle. L'ancien directeur de l'INF Clairefontaine reconnait, sur RMC, que la FFF a eu recours à certaines sélections basées sur l'origine éthnique des jeunes dans les centres de formation : " Oui, c'était sous la direction de Gérard Houllier. Il n'y avait pas de quotas à proprement parler, mais des réflexions sur le nombre de blacks et de beurs. Selon eux dont François Blaquart (ndlr : le DTN actuel), il y en avait un trop grand nombre."
Jouanno veut des explications
Si chacun à la FFF nie avec force, les accusations de Mediapart ont fatalement fait réagir aux plus hauts sommets de l'Etat. La Ministres des Sports, Chantal Jouanno, attend que la lumière soit faite sur cette affaire et propose "une inspection générale de la Jeunesse et des Sports qui permettra d'avoir un regard extérieur, donc jugé plus indépendant". Et la ministre de poursuivre : "C'est inimaginable parce que c'est contraire à l'histoire et à l'esprit de la Fédération française de foot, c'est surtout contraire à la loi et à la Constitution", a réagi la ministre, interrogée sur LCI.
Pape Diouf, lui, n'a pas semblé étonné par les révélations de Mediapart. L'ancien président de l'OM a dressé un constat sans équivoque sur les ondes de RMC : "Je ne dis pas qu’elles sont vraies, mais je ne suis pas étonné par ces révélations. La vérité est la suivante. Le football français est à l’image de sa société. Le football français est raciste, il exclut." François Blaquart, le Directeur Technique National et, de fait, principal accusé dans l'affaire des quotas, a décidé de s'expliquer ce vendredi à l'issue du conseil fédéral de la FFF.
M.M. / Eurosport
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