mercredi 3 août 2011

Le groupe des 16 impose au Sénat son rejet du choix de Bernard Gousse


Dans un décor inhabituel et une atmosphère politique confuse et lourde où les stratégies les plus surprenantes étaient à l’essai, seuls les Sénateurs farouchement opposés à l’ex-ministre de la justice se sont exprimés en vue de contraindre le chef de l’Etat, Michel Martelly, à revoir sa copie avant de désigner un troisième Premier ministre.
 
Le Sénat a rejeté tard mardi soir sans surprise, par 16 voix contre, le choix de Bernard Gousse comme Premier ministre, lors d’un vote inhabituel auquel n’ont pas pris part les élus favorables à l’avocat, un échec supplémentaire pour le Président Michel Martelly incapable de sortir de l’impasse politique un pays resté sans gouvernement depuis presque trois mois.
Le président de l’assemblée, Rodolphe Joazile, a prononcé sa sentence au pas de charge en voyant les représentants de la minorité faire le mort, aucun pour ni abstention, lors du moment fatidique.
Si les pro-Gousse, à l’image du Sénateur de l’Artibonite (nord), Youri Latortue, ont tenté de contester la régularité du vote, allant même jusqu’à réclamer son invalidation, il est bel et bien scellé le sort de Me Gousse qui a vu voler en éclats ses rêves de conduire la politique de la nation.
S’il faut s’en tenir aux déclarations de Joseph Lambert (sud-est) et de Kély Bastien (nord), deux ténors du groupe des 16 qui avait juré de faire tomber le candidat, l’ancien ministre de la justice du régime intérimaire post-Aristide (2004-2006) doit faire place nette à un nouveau Premier ministre désigné.
Le chef de l’Etat va être donc très vite invité à engager en ce sens de nouvelles consultations avec les présidents des deux Chambres.
En juin dernier, le scénario était déjà identique lors du rejet de la candidature de l’homme d’affaires Daniel Rouzier.
Longue de sept heures, cette séance historique s’est résumée à un combat, par moment houleux, entre les partisans du "vote politique" et ceux du "vote technique", les premiers finissant par l’emporter à l’issue d’interminables débats procéduriers sur les failles ou non du rapport final de la commission de ratification restée muette sur son appréciation du dossier de Bernard Gousse.
Ironie du sort, le candidat de Michel Martelly est passé à la trappe au lendemain de l’annonce triomphale de la formation, lundi soir à l’hôtel Karibe, d’une majorité présidentielle qui compterait jusqu’à 58 Députés.
Plus d’un s’interrogent désormais sur les risques de la conjoncture actuelle et la capacité des acteurs à donner une réponse politique aux nombreux problèmes économiques et défis sociaux qui tendent à s’amplifier à l’approche notamment de la rentrée des classes et au moment où la tempête tropicale Emily menace Haïti.

Radio Kiskeya
3/08/11

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