L'Afrique vient de perdre la Côte d'Ivoire, ce pays chatoyant, classé autrefois parmi les pays phares de l'Afrique, un pays modèle de tolérance réciproque, d'acceptation de l'Autre, un pays autrefois havre de paix dont l'évocation simple du nom, apportait le sourire aux lèvres de chaque africain.
L'Afrique vient de perdre la Côte d'Ivoire... Plus de nuance ni de doute ; ils étaient partis, ils étaient tous là, certains chefs d'Etats dépendant de la France ou par eux soumis par la crainte de subir les mêmes déboires que ...Laurent Gbagbo... apeurés de voir leur beau pays bombardé par la Licorne et autres Onu. Oui fortement ébranlés par les actes criminels de la Communauté Internationale au pays des élephants, oui fortement touchés mais repondant présent, car, le Furher Français Nicolas Sarkozy leurs avait intimé l'ordre de venir.
Et j'eus pitié de l'Afrique... Pitié de son peuple. Pitié pour son devenir. Pitié de nos chefs d'Etats si fastueux prisonniers. Oui des prisonniers de luxe et non des hommes libres de leur pensée ou de leurs actions. Que c'est malheureux, que c'est malheureux... Et ils écoutèrent sans ciller le discours méprisant et colonialiste du Furher, et certains fretillèrent comme des poissons en serrant sa si gracieuse odieuse main ... Et d'autres tout en courbettes et en salamecs ! Et tout çà dégageait une telle puanteur que la cour des miracles eût été un paradis en comparaison. Il eût bien quelques crispations des joues lorsqu'il fallut féliciter le gagnant de l'énorme forfaiture... J'eus l'impression que des mots sortaient des gorges saccadés ou sanglotants... Je pressentais que j'assisterai à une si puissante humiliation. Je craignais... Voilà que je la vivais comme une téléspectatrice sensible aux films d'horreur.
" L'armée Française ne quittera jamais la Côte d'Ivoire ! conclut le Furher Sarzoky. Elle est là pour toujours. " Et ils applaudirent les Chefs d'Etats Africains à ces mots qui sonnaient la fin de l'indépendance de la Côte d'Ivoire... Une page de velleité d’indépendance qui se tournait... Et ouvrait nos yeux crispés sur l'occupation et la mise sous tutelle Française de cette autrefois République si belle.
J'etteignis la télévision, hagarde... Une toute petite satisfaction au fond de moi : tous les chefs d'Etats occidentaux avaient boudé la cérémonie de nomination, craignant sans doute d'être associés un jour au génocide. Sauf notre Furher... qui curieusement s'était éclipéa pour ne pas figurer sur la photo de famille avec les négrillons ! Peut-être avait-il évité que la postérité ne le condamne... Toujours est-il qu'il s était éclipsé, laissant ces Africains sourire aux caméras.
Voulant tout oublier de cette odieuse journée, je fermai les yeux et sursautai... Mon téléphone.
- Oui ? demandai-je.
- C'est moi, Calixthe. Sais-tu ce qui s'est passé à ....
- Non, retorquai-je.
- Toute la ville s'est recouverte de fumée. Le toit où est logé... s'est ouvert. Un fauteuil est descendu du ciel et s'est posé devant lui... Et toute la ville a eu si peur qu'elle s'est prosternée.
- C'est quoi ces insanités ? demandai-je.
Que d'inepties en une seule journée ! C'était trop pour ma personne. Alors, je choisis de m'évanouir.
Calixthe Beyala
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